Utu
7.4
Utu

livre de Caryl Férey ()

Bien que bancal par certains aspects, le Haka publié en 1998 par l'écrivain Caryl Férey laissait entrevoir un véritable style, un auteur hard-boiled plus que prometteur ayant visiblement à coeur de proposer un mélange à la fois nerveux, rock'n'roll et apte à mettre en lumière les maux de notre société contemporaine face aux croyances ancestrales.


Publié en 2004, Utu est la suite directe de ce premier succès, ou plutôt son extension, permettant à l'auteur de développer son propos et son univers. Prenant comme héros un personnage secondaire du précédent roman, Caryl Férey déroule une intrigue policière somme toute assez classique, loin d'être inoubliable mais qui se suit cependant avec un certain intérêt.


Si l'écrivain se laisse une fois encore aller à une certaine facilité, à une tendance à la surenchère dans la violence donnant à l'ensemble une prévisibilité malheureuse, il marque cependant des points dans sa description des rapports complexes et tendus entre ses protagonistes, en premier lieu entre des hommes et des femmes incapables de communiquer, de se comprendre, une simple amourette contrariée pouvant avoir ici des répercussions dramatiques. S'il semble parfois excuser certains de ses actes franchement douteux, l'auteur esquisse le portrait intéressant d'un anti-héros limite antipathique, bouffé par ses démons et véritable parasite pour son entourage.


Mais le véritable intérêt de Utu, plus que son enquête policière lambda, est bien évidemment à trouver dans la description documentée d'un milieu, d'une culture méconnue, où les fantômes du passé vont tenter de rendre les coups au centuple face à une modernisation vampirisant les esprits et souillant la terre. Mais ce n'est pas pour autant que l'auteur joue la carte d'une bienveillance anti constructive, mettant au contraire à jour la connerie d'une vengeance aussi implacable qu'aveugle.


Suite et fin d'un diptyque imparfait mais très intéressant, Utu compense allégrement l'aspect un brin consensuel de son intrigue et un léger manque de nuance dans sa noirceur par un style percutant et une volonté forte de mettre en lumière les blessures de tout un peuple.

Gand-Alf
7
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le 24 oct. 2015

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Gand-Alf

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