Ce n'est pas que la peinture de Velázquez m'attire particulièrement, mais j'avais acheté ce bouquin parce que j'y voyais justement l'occasion de combler quelques importantes lacunes. La perspective d'une visite à la rétrospective du Grand Palais, pour les mêmes raisons, m'ont amenée à enfin entamer cette lecture. Car il faut bien dire que je traînais les pieds. Bien mal m'en prit : si Velázquez m'était autrefois relativement indifférent, aujourd'hui je le trouve indigeste !


La faute à qui ? Sans doute pas au peintre, bien que son travail se soit essentiellement porté sur des portraits de cour et de gens de pouvoir, ce qui m'intéresse franchement peu (en fait, pas du tout serait plus proche de la vérité) : je trouve tous ces portraits, qu'ils soient de Raphaël, Titien, Rubens ou un autre, ennuyeux à mourir. Mais enfin, je ne demande qu'à ce qu'on me démontre que je passe complètement à côté de chefs-d’œuvre et à, enfin, m'extasier avec le reste du monde sur le talent de Velázquez. Sauf que, pour me convaincre, il faudrait un peu plus qu'une accumulation de dithyrambes : selon Norbert Wolf, Velázquez est le meilleur en tout parce que (je cite) "cela va de soi", qu'il peint mieux que tout le monde, qu'il est sublime, génial, et qu'il est (je cite encore) "une étoile au firmament" de l'art. Je n'ai donc toujours pas compris en quoi Velázquez avait innové, en quoi il était si particulier, bref, en quoi son talent consistait. Pas d'analyse réelle des œuvres, sinon des affirmations du type : "La lumière sur la cuirasse de Machin est superbe".


Bon, cela dit, on tout de même droit à deux pages sur "Les Menines". Bien. En même temps, c'est la moindre des choses... Sauf que l'analyse de ce tableau exceptionnel et étonnamment complexe (même quelqu'un comme moi est capable de s'en rendre compte, tout en n'en connaissant que des reproductions) se révèle assez basse de plafond. Les quelques questions que pose l'auteur à propos de l'oeuvre, je me les étais déjà posées toute seule (et plus encore). Et je dois dire que de savoir dans quelle pièce du palais se tient le sujet du tableau n'est pas forcément ce qui m'intéresse le plus, ni même à quel moment la croix de je-ne-sais plus-quel-ordre a été rajoutée.


Pour ne rien gâter, c'est carrément mal écrit. Ou mal traduit. Ou bien, plus probablement, les deux. Ça m'a vaguement rappelé un opus de Taschen sur les estampes japonaises dont les phrases étaient toutes plus incompréhensibles les unes que les autres. Ici, on n'en est pas à ce point, mais il m'a parfois fallu relire une phrase plusieurs fois pour en saisir le sens. Soit l'auteur, soit la traductrice ne connaît pas les règles de la ponctuation ; or la position d'une virgule n'est jamais aléatoire et peut provoquer bien des bouleversements...


J'ai tout de même à présent une certaine notion de l'évolution de la carrière de Velázquez. J'ai vu beaucoup de portraits de cour. En revanche, je n'ai eu droit, bizarrement, à quasiment aucun élément biographique sur le peintre, sauf dans les toutes dernières pages.


Bref, avant de lire cet ouvrage, je me fichais plus ou moins de Velázquez. Aujourd'hui que j'ai refermé le livre, j'ai l'idée bien ancrée dans le cerveau (et sans aucun doute complètement fausse) que Velázquez n'était qu'un vil flatteur qui n'était capable de peindre que des portraits de cour, que sa réputation est très surévaluée et que "Les Menines" n'était qu'un accident de parcours. On ne peut pas dire que tout ça m'engage à aller au Grand Palais (sans compter que "Les Menines" n'y sont pas, mais c'est un autre - et sérieux - problème)...

Cthulie-la-Mignonne
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le 24 juil. 2015

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