Le roman de Michael Honaker est en effet empreint d'une poésie mélancolique au niveau du style. Elle n'a ni longues envolées lyriques ni mille figures de style transcendantes d'ingéniosité, mais lécriture est pure, les mots s'agencent avec sensibilité et fluidité, le texte est parsemé de belles images ("les étoiles se pâmaient entre deux voiles de brume", "ballet mécanique des containers flottant dans les airs") et l'on se laisse rapidement emporter par le récit, bercé par la beauté mélodieuse du texte.


L'histoire n'est pas extrêmement originale, parfois en plein dan le cliché de film policier, mais n'a pas la prétention d'être géniale. Le parallèle entre l'idolâtrie des deux "camps" chacun manipulé par un chef et une esthétique différents, est assez bien vu et subtil (mais c'est peut-être moi qui part trop loin dans l'interprétation)


Le cadre du récit est intéressant et bien décrit, les relations jouant entre les différents lieux mentionnés sont bien retransmises et réussissent à encrer l'intrigue dans un univers solide.


Les personnages sont, eux aussi, simples mais attachans, Saburo la brute au grand coeur, délinquant aveuglé mais plein de valeurs et à cheval sur ses principes, Mariko, blessée, défiante, agressive, forte et douce, Mme Shirai, digne et d'une gentillesse chaleureuse, Saki, la pote de Saburo au caractère fort et au coeur amoureux, touchante, Mr Miyake, héros un peu fou, loup de mer aguerri et courageux, les deux Shatei de Saburo (bien que peu développés et très secondaires), même le policier, Inoué, pourtant présenté comme antipathique. Notre attachement aux personnages sert avec efficacité le suspens et intensifie les scènes d'action.


Yakusa Gokudo - les otages du dieu-dieu-dragon n'est pas un ouvrage qui se prétend être un chef-d'oeuvre ; que ce soit dans son style, son histoire ou ses personnages, il est simple, mais cet adjectif est mélioratif ici, car il est d'une simplicité pure et belle. Il est complètement à la hauteur de ses ambitions et si vous y êtes réceptif, vous pourrez être emportés par le mélange bien dosé d'action et de poésie. C'est le genre de roman qui vous laisse avec un sentiment doux-amer, une nostalgie agréable mais un peu triste, une sorte de blues teinté de joie, comme un moment, à fixer les scintillements de la mer, le soir.

CaptainAkiba
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le 30 août 2017

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