Parfois certaines quatrièmes de couverture emphatiques sonnent très faux. Ici c’est tout l’inverse : "Anamnèse de Lady Star fera date dans l’histoire de la science fiction française". Vraiment.


L’humanité a été anéantie aux trois-quarts lors de cet événement ensuite appelé le Satori, l’explosion d’une bombe "iconique" à Islamabad. Les représentations visuelles transmises par cette bombe entraînent un effondrement psychique et la mort, effondrement qui se transmet d’un individu à l’autre par un simple regard. Les coupables, un petit groupe d’universitaires et de militaires français dépassés par leur création diabolique, ont été retrouvés, jugés et exécutés par un tribunal international.


Mais cinquante ans après le Satori, utilisant les savoir-faire les plus pointus combinés à leurs instincts, des chercheurs traquent pour les effacer toutes les traces de la connaissance ayant permis un tel crime, et veulent éliminer tous les pièges à retardement que le Satori a laissé derrière lui, dans le monde démantelé d’une humanité décimée. Tournant autour du Satori comme de l’œil du cyclone, de 16 ans avant à 53 ans après lui, le récit se condense sur les traces mystérieuses d’une femme extra-terrestre, une Venus évanescente, et qui semble réapparaître dans toutes les facettes de ce drame.


Un récit passionnant, magnifique et fascinant.


« Que cherchons-nous ? Une femme, peut-être, une idée, sûrement.
Comment la nommer ? Vous m’avez posé la question, au début. Puis elle s’est installée là, entre nous, un objet de travail, une quête partagée. Je vous entends parler d’elle. Vous dites "Le dossier fantôme", vous dites "Marguerite", vous dites "Nomen Rosae". Je n’ose rien poser. Nous voulons capturer de la fumée à l’aide d’un filet impalpable, elle se tient là, devant nous et si je la nomme, elle, celle à laquelle vous voulez me faire croire, je crains de la précipiter, de la projeter dans un référentiel où elle n’apparaîtra plus. Je ne suis ni un poète ni un rêveur. Je ne poursuis pas un idéal féminin. Je me moque de savoir si elle existe, si elle nous manipule, si elle nous ment. Je me moque de lui donner un nom. Nous avons de bonnes raisons de penser qu’elle était dans l’entourage d’Aberlour. De bonnes raisons, cela me suffit. Le témoignage de Herriman, les corps de Giessbach, le témoignage de Longtun que vous ne connaissez pas encore. C’est assez. Elle est plastique, elle s’est coulée dans leurs volontés, et même si ses intentions ne sont pas mauvaises, quelqu’un pourrait la manipuler, tenter de retrouver les gestes de leur foutue calligraphie, les signes de la bombe. Rappelez-vous : elle se tient en haut d’une montagne de milliards de cadavres.»

MarianneL
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le 8 mai 2013

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