Les défauts de ses qualités (et vice et versa)

Voici un livre bien atypique.

Tout l'ouvrage est construit comme une mini revue scientifique, consacrée à l'étude des langues et écritures du vivant, une discipline nommée la thérolinguistique. Le terme est emprunté à Ursula K Le Guin, et concerne uniquement les espèces animales hors Humains, bien sûr.

Et donc, ce roman regroupe trois récits différents, qui s'attardent sur trois exemples de langues / écritures développées par des animaux, à savoir les araignées, les wombats et les poulpes (même si d'autres espèces sont évoquées).

L'autrice, Vinciane Despret est philosophe de formation, et ses trois histoires sont avant tout là pour questionner notre rapport aux animaux, à la communication et, pour le dire clairement, à notre rapport à l'altérité. car évidemment, ces "langues" et "écritures" sont difficilement perceptible ou interprétable pour nous, puisque chaque espèce développe un mode de communication adapté à ses congénères, en fonction de leurs possibilités physiologiques.

Les deux premiers récits sont présentés comme des articles de publications scientifiques et sont donc assez arides, même si pas totalement dénués d'humour. Le troisième varie légèrement puisqu'il reprend la forme d'un échange de lettres et de mails.

Difficile donc de parler d'un roman stricto sensu, mais le recueil se tient bien, proposant des pistes de réflexion intéressantes d'une part, et des propositions / créations de langues / écritures originales et présentées de manière très crédibles. On doit régulièrement faire un effort pour se souvenir que ces récits sont bien des fictions, tant la forme et le sérieux des assertions distillent le doute.

On gagne donc en vraissemblance ce qu'on perd en style, et c'est ce qui fait finalement la réussite d'Autobiographie d'un poulpe.