aidez-moaaaa

Pas mon préféré de Ponti. Mais c'est un monument historique, et la confection du château est merveilleuse. Et les poussins en sont les héros. Alors OK.

Ce qui m'agace, c'est le côté cherchez charlie + trouvez le petit canard jaune +...

D'accord, ça marche toujours, les enfants se prennent au jeu, ça permet de le relire trois-cent-soixante-douze-mille fois et demi, mais c'est une facilité.

Mais bon, il y a plein de choses irrésistibilicieuses.

J'ai des interrogations.

Des doutes.

Il se passe des choses bizarres entre les pages de ce livre - bizarres même pour un Ponti.

Vous allez rire mais, depuis des années, ça me travaille la nuit, comme la barbe de Haddock.

Tiens, d'ailleurs, vous pouvez peut-être m'aider :

première angoisse:

Page 23, "avec le sucre des cimes, ils sculpteront les décorations du château car le sucre des cimes est facile à sculpter", quand Ponti écrit une phrase comme ça, c'est qu'elle contient un jeu de mots, une référence. Avec le temps, de livre en livre, on apprend à repérer ça. En symétrie, page précédente on avait : "Avec le sucre de mer, les poussins font des meringues", on peut le lire 100 fois avant de tilter, parce qu'on prononce MEUringue et pas MÈRingue, mais c'est bien une association d'idée mer > meringue. Pas le meilleur jeu de mot du siècle, à cause de la phonétique qui ne correspond pas, et Ponti aurait du se souvenir qu'à cet age on entend le livre lu par un adulte. Donc, page suivante il y a forcément une astuce symétrique sucre des cimes > facile à sculpter.

J'ai cherché...

Cherché...

cherché...

Une piste (très détournée et pour initiés), c'est qu'il existe un pin des montagnes appelé "Pin à sucre" (rien à voir avec Rio), utilisé en sculpture. J'ai lu quelque part que Ponti a fait de la sculpture (en amateur) à un moment dans sa vie, ça expliquerait le "sucre des cimes facile à sculpter", qu'il aurait entendu dans ce contexte.

Mais c'est une piste maigre et un peu compliquée !

Ce qui nous perd, c'est que les phrases de Ponti vont souvent dans plusieurs directions.

Ici, il nous lance sur le sucre de mer, transposition évidente du sel de mer, mais sans l'expliciter plus; on s'embarque sur cette idée enfantine de remplacer le sel par le sucre, la gourmandise, la mer sucrée, les marais sucrants, et, l'imagination encore toute tournée dans cette direction, mer>meringue nous prend à contrepied, au point qu'on peut mettre très longtemps à percuter ( moi en tout cas ).

deuxième angoisse DANS LA MÊME PAGE (la maudite page 22 source de migraines et d'insomnies) :

"Blaise ne voit pas Boufniouse en train de lire son journal. C'est normal. Exceptionnellement, et seulement cet après-midi, elle fait comme les autres, elle porte du sucre".

Or, regardez attentivement le dessin, vous y trouverez vite le poussin qui lit son journal comme d'habitude, assis sur un poteau.

OK, l'auteur n'est pas jeune, une étourderie est envisageable; mais sous des dehors fantaisistes, c'est un obsessionnel du détail, un perfectionniste; il écrit ses textes comme s'il commentait ses dessins, quasi de l'audio-description. A t'il pu souligner que Boufniouse, exceptionnellement, ne lit pas son journal, alors que justement si ? C'est improbable. Et le livre a du être re-re-re-re-re-re-re-re-relu avant impression.

Ce défaut m'a perturbé à chaque fois que je lisais cette page à mes enfants, jusqu'à aujourd'hui ou point une lueur - vague, oh, vague et tordue :

Dans l'argot des spéculateurs, fin 19e ou début 20e siècle, "porter du sucre" c'était une façon particulière de placer ses actions en bourse ( ne me demandez pas de préciser ! - sans doute un rapport avec la "crise du sucre" de 1974, Ponti avait 26 ans, ça peut faire partie de son folklore personnel ). Boufniouse serait en train de suivre les cours de la bourse sur son journal ? Ce qui autoriserait à dire "elle fait comme les autres, elle porte du sucre" ? L'allusion serait encore plus tarabiscotée que celle du sucre des cimes, et on ne voit pas bien Claude Ponti s"intéressant à la bourse, mais, allez savoir...c'est peut être un pro du placement...

Là aussi, le texte va dans plusieurs directions : on reste dans sel de mer /sel de terre, transposé au sucre; mais le dessin joue sur les neiges éternelles des montagnes, cette impression qu'elles pourraient être du sucre; et on attend "sucre glace", terme bien connu, avec glace/montagne, glace/sculpter, ça semble évident; surtout dans un livre qui parle de gâteau d'anniversaire; or le mot ne vient pas, on a "sucre des cimes" à la place, plus déroutant; cimes est très correct pour sommets, même s'il est plus souvent utilisé pour les arbres, mais c'est un terme un peu rare, pas du tout enfantin, et les associations avec sucre et sculpture ne se font pas spontanément, ce qui rend le texte moins efficace ( ceci dit, l'efficacité n'est pas toujours le souci premier de l'auteur )...

Alors, Sucre glace ou Pin à sucre ? Ou autre chose qui m'échappe ?

J'ai longtemps cherché sucre décime, sucre d'Essime, sucre des Sims, et si un poète avait comparé les névés au sucre des cimes, en vain...

Si vous avez une hypothèse, bienvenue, aidez-moaaa !

...mais la page 22 est superbe, elle fait rêver.