Horatio Hornblower, aspirant de marine, foule le plancher de l'Indefatigable d'un pas mal assuré. On rencontre le jeune héros alors qu'il intègre l'équipage de la frégate Britannique, en mouillage dans un port Anglais. Pris de mal de mer malgré le faible roulis du navire, Hornblower est la risée de ses nouveaux compagnons.

On ne tarde pas à comprendre que le jeune homme de 16 ans n'est pas un simple matelot. Il est futé, malhabile pour grimper aux bastingages mais grand diplomate avec ses supérieurs et jamais à court d'idées lumineuses. Il suffit de lire les titres des différents livres que rassemble l'édition Omnibus pour comprendre que l'aspirant ne le restera pas longtemps.

Embarquement immédiat

Nous voilà donc embarqués dans la folle ascension du jeune Anglais, au sein de la toute puissante marine Britannique. Débutant à la fin du XVIIIème siècle, les romans font voguer le lecteur de l'Angleterre aux Antilles, en passant par les côtes Bretonnes. La réalité historique autour de laquelle s'articule l'histoire renforce l'immersion. Le blocus de l'armée Napoléonienne à Brest, les funérailles de l'amiral Nelson, ou l'évocation des armées françaises révolutionnaires sont autant de points de repère chronologiques qui ancrent la fiction dans la réalité.

En revenant à l'immersion : on pourrait être effrayé par le nombre de termes techniques employés. Tout comme l'a réussi Le chant du loup plus récemment et dans une moindre mesure, l'emploi permanent du vocabulaire technique de l'univers militaire marin nous transporte. J'aurais pu stopper ma lecture à chaque terme incompréhensible, et aller me référer aux superbes estampes annotées représentant un trois mats, dans les dernières pages. Très honnêtement, j'ai préféré profiter de la fluidité de l'écriture de Cecil Scott Forester.

On apprend vite à apprécier les rugissements du capitaine à ses seconds : "Aux bras de huniers", "Au grand perroquet, vite", "Souquez", "A virer de bord lof pour lof". Les ordres s'enchaînent, sans que je ne les comprenne tous. Mais j'en saisis le sens, et je suis plongé au sein de l'équipage. J'entends les sabords qui s'ouvrent à bâbord, puis l'affairement des marins qui arment les canons, l'explosion de la poudre qui crache les boulets dans les airs, les craquements du navire sous le recul des tirs en batterie. Je suis saisis de la même excitation que les marins, heureux de risquer leur vie, lorsqu'au fil des pages, l'action s'annonce après plusieurs mois d'un morne blocus maritime.

Mais Capitaine Hornblower ne se résume pas à d'innombrables affrontements entre la marine Anglaise et les frégates Françaises. A travers les interrogations intérieures du héros, l'auteur questionne aussi les us et coutumes de la Royale Navy : les parts de prise, récompenses offertes aux marins pour la capture de navires, la peine de mort, les coups de fouet, la désertion, l'enrôlement de force sont des sujets abordés avec nuance et justesse par C.S. Forester.

Hornblower, cet anti-héros

Forester dote son personnage principal du bagage nécessaire pour lui permettre de grandir : Hornblower est débrouillard, intelligent, parle Français et serait certainement très à l'aise pour manier la langue de bois au parlement Britannique. Mais il est aussi sujet au mal de mer, honte suprême du marin, n'a pas le pied sûr face au tangage du navire, doute souvent et est trop humaniste pour espérer grimper rapidement dans la hiérarchie.

Le personnage s'articule autour d'un dévouement sans faille à la couronne Britannique, marqué par un désintérêt complet de sa réussite personnelle. Dévoué, mais pas aveuglément. Ainsi, si sa vertu morale semble inflexible dans un premier temps, chaque chapitre étoffe un peu plus le personnage. Il bouillonne face au principe de redistribution des parts de capture, et, malgré sa foi inébranlable en la discipline militaire, il hésite à sévir lorsqu'un marin qu'il apprécie se rend coupable de mutinerie. Non, la vie d'Hornblower n'est pas un long fleuve tranquille. Ses tracas personnels dont il ne laisse rien paraître font de lui le parfait anti-héros.

La force du roman résulte aussi de ses personnages secondaires. L'écriture des membres d'équipage est soignée, et même si l'action tourne autour du héros, on sourit maintes fois devant les traits caractéristiques des autres marins : les figures paternelles telles que Cornwallis ou Pellew, Foreman ne connaissant pas les signaux après 3 ans de navigation ou le formidable lieutenant Bush, intrépide et toujours prêt à l'affrontement, à travers lequel on vit le second roman.

Formidable épopée maritime, Capitaine Hornblower est à mettre entre toutes les mains.

Habreau
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le 25 juil. 2021

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