Suite directe de la Griffe du Chien, Cartel reprend exactement là ou le premier opus se terminait.
Et cette deuxième plongée en eaux troubles sera tout aussi revigorante, malgré l'extrême dureté de l'œuvre.
La guerre contre la drogue prend des proportions inimaginables, déversant le sang et les larmes sur un Mexique vérolé dans toute son infrastructure.
Art Keller vs Aidan Barrera, deuxième round.
Pour l'un comme pour l'autre, la situation va progressivement les prendre en étau. Dans cette lutte pour prendre le dessus, ils vont surtout devoir réaliser que c'est ce qui les environne qui menace.
Une guerre qui va se transformer en conflits incontrôlables, cernés par les exactions en interne, les concurrents qui s'élèvent, et le cercle vicieux que personne ne semble en mesure de briser.
Comme pour la Griffe du Chien, la lumière se fraye un passage au travers d'une abîme de noirceur.
Ce sont les idéalistes et les combattantes qui peuvent faire la différence. Oui, les femmes sont les seules héroïnes à pouvoir mettre un terme au combat (Marisol), ainsi que les intègres journalistes (Pablo).
Les seuls atouts pour laisser entrevoir un avenir aux nouvelles générations déjà bien cabossées par les excès de leurs ainés (comme Chuy, cet enfant-soldat à la solde des Cartels).
C'est âpre, encore plus violent que la Griffe du Chien, peut-être moins marquant mais tout aussi brillant.
Le style dépouillé de Don Winslow fait une fois de plus merveille, et impose l'écrivain comme l'un des observateurs les plus lucides des dérives made in America.
Imposant, tonitruant et politiquement engagé, Cartel est un nouveau coup de griffe.