Cela faisait un petit moment que je ne m’étais pas fais un Stephen King, et c’est presque en état de manque que j’ai entamé Cellulaire. Généralement, dans cet état, c’est quitte ou double.
La réputation de King n’étant plus à faire, j’entame généralement ses livres sans m’occuper de lire la quatrième de couverture. A la confiance.


Ce Stephen King m’a donc fait une surprise. Jusqu’à présent, dans ceux que j’ai pu lire, l’auteur prend le temps de nous présenter ses personnages durant de longues (mais généralement intéressantes) pages, afin de créer un lien entre son lecteur et ses héros. On découvre leur background, leur caractère, et on s’y attache gentiment juste au moment où les choses commence à dérailler.
Ici, pas le temps de faire quoi que ce soit du genre. A peine le roman entamé, tout part en cacahuète et l’on se retrouve avec du sang, beaucoup de sang, de l’horreur et de l’urgence. Précipité ? Non. Car King sait nous mettre dans l’ambiance dans la plupart de ses romans, et même si l’on ne saisit pas immédiatement pourquoi, même si les choses ont l’air décousues ou précipitées ou simplement bizarres, il y a une raison.
Ici, King nous offre l’apocalypse. Pas une apocalypse que l’on aurait pu voir venir. Pas une apocalypse résultant d’un effet domino. Une apocalypse qui survient comme ca, du jour au lendemain, et même d’une minute à l’autre.
Pas le temps, dans ces circonstances, de découvrir le monde qui nous entoure. Comme le héros, on est dans l’urgence. Tout allait bien, on pensait avoir le temps de prendre nos marques, mais non, impossible, la fin du monde est arrivée sans même se donner la peine de frapper à la porte.
Perturbant comme début, mais efficace.
Dès les premières pages donc nous nous retrouvons dans ce monde devenu soudainement mortellement dangereux, où l’instinct de survit prime sur la réflexion au départ et où l’urgence interdit toute réflexion.
Tout comme Clay, on accepte le personnage de Tom parce qu’il est là, parce que lui aussi tente de survivre et de comprendre.
Tout comme Clay et Tom, dans un monde qui semble perdre toute humanité, on accepte la petite Alice parce qu’elle est humaine et que même si elle est vulnérable, elle mérite d’être sauvée.
Avec le trio, nous parcourons les routes, la crainte au ventre.
La crainte de tomber sur un « siphoné » assoiffé de sang, la crainte de tomber sur un « normal » à qui les circonstances ont fait déraillé les neurones. Et bordel de merde, j’ai même eu peur pour cet idiot de chat dans la maison de Tom ! Parce qu’évidemment, si King n’a pas peur de tuer et d’estropier les humains, que ferait il avec un pauvre chat sans défense ?!


A mesure que l’on avance, on découvre de nouveaux personnages et l’on apprend à connaître nos héros avec qui l’on avait pas vraiment eut le temps de faire connaissance. Et ma foi, ces rencontre sont plutôt agréable, même si j’ai eu plus de mal avec le groupe de tueurs de siphonné que nos héros rencontrent après leur carnage.


Mais ce qui fait le brio de ce roman, c’est qu’il ne s’agit pas simplement de survivre à une transformation massive de l’humain en zombie.
Les siphonés évoluent et c’est ce qui fait leur charme dans toute cette ambiance de sang, de boyaux et de crasse.
A chaque nouveau chapitre, on se demande quelle sera la nouvelle évolution du moment. Comment s’y adapter. Comment évoluer en fonction de leurs changements.


Plus qu’un walking dead ou un 28 semaines plus tard où l’homme se retrouve face à une horde de zombies dangereux certes, mais aux réactions relativement prévisibles et linéaires, Cellulaire nous offre un roman où la survit dépend de l’adaptation de ses héros, de leur capacité à appréhender le danger et à comprendre le mode de fonctionnement de l’ennemi pour comprendre ses réactions à venir.
Je préfère certes quand King nous fait frémir grâce au non dit, fait monter l'angoisse par le biais de menaces semi cachées qui gardent une part de mystère (genre que je trouve bien plus efficace et plus plaisant que le gore pure), mais le roman étant soutenu par un très bon rythme, de très bons personnages et un bon scénario, le gore plus ou moins obligatoire dans un tel univers passe plutôt bien.


Ma seule nuance concerne le final. Certes, ce qui se passe à Kashwak est très bien pensé par l’auteur et l’ingéniosité des héros est vraiment plaisante, mais le véritable final du livre m’a quelque peu laissé perplexe. Un petit goût de pas terminé qui laisse certes la part belle à l’imagination mais reste un peu frustrante.


Un très bon petit roman d’horreur donc, plus gore et sanguinolent que la plupart des King que j’ai pu lire, mais qui sait poser un rythme haletant, offrir de très bons héros et stimuler le trouillomètre du lecteur.

Gaby_Aisthé
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes SF - Fantastique - Merveilleux, Ma bibliothèque, 2017 : Opération bouquinage ! et Horreur

Créée

le 4 nov. 2017

Critique lue 298 fois

2 j'aime

Gaby Aisthé

Écrit par

Critique lue 298 fois

2

D'autres avis sur Cellulaire

Cellulaire
chtimixeur
4

Une bonne idée mal exploitée

Avec Cellulaire, force est de constater que Stephen King a du mal depuis quelques années. Ce livre démarre très mal : on est immédiatement plongé dans l'action, et on a terriblement envie de le...

le 23 nov. 2010

10 j'aime

Cellulaire
AMCHI
8

Le mal-aimé

Cellulaire n'est pas un Stephen King qui semble être très aimé, je trouve cela regrettable car si en effet ce n'est pas son plus grand roman j'ai trouvé que Cellulaire restait tout de même un roman...

le 19 juil. 2012

5 j'aime

Cellulaire
zacbru
8

Empathie

Et si ceux que nous appelons "zombies" étaient en fait nos descendants, nos héritiers? Et si ce que nous appelons "apocalypse" était au contraire l'accession de notre espèce à un stade...

le 14 oct. 2010

5 j'aime

Du même critique

Jurassic Park
Gaby_Aisthé
9

Critique de Jurassic Park par Gaby Aisthé

Voyons voir... 1993 + 10 = 2003....+10 = 2013. Ce qui nous fait un film de 20 ans et des poussières. Et bim, le coup de vieux en pleine tête ! Lol Ceci dit, si j'ai vieillis depuis mon premier...

le 1 mai 2014

14 j'aime

4

Orgueil & Préjugés & Zombies
Gaby_Aisthé
5

On était pas loin d'avoir un très bon film pourtant...

En découvrant il y a quelques mois que la parodie Pride Prejudice and Zombies allait être portée à l'écran, mon enthousiasme n'eut d'égal que mon impatience de voir ce petit bijoux à venir. Et de...

le 8 mars 2016

13 j'aime

Galaxy Quest
Gaby_Aisthé
8

Critique de Galaxy Quest par Gaby Aisthé

Avant de juger de ma note sur ce film, il y a deux choses à savoir à mon sujet. À l'époque où je l'ai découvert, j'étais raide dingue d'Alan Rickman et assez fan de Sigourney Weaver. À présent, j'ai...

le 1 mai 2014

13 j'aime

3