Pour les adeptes d'enquêtes de tout genre...

« Harry Bosch est de retour ». Ces quelques mots avaient été rajoutés sur la couverture d’un des derniers romans de Michael Connelly. Ils étaient, à mes yeux, le meilleur argument promotionnel de « The Drop » lors de son apparition dans les rayons de librairie français il y a un an. Ce thriller est édité chez Calmann-Levy. D’un format classique, il se compose de moins de quatre cents pages. Son prix avoisine vingt et un euros. La traduction est l’œuvre de Robert Pépin.


La quatrième de couverture nous présente les enjeux avec les mots suivants : « Bosch vient de décrocher un sursis de trois ans avant d’être mis à la retraite d’office lorsqu’il se voit confier un cold case datant de 1989. Viol suivi de meurtre, ADN, antécédents judiciaires et profil psychologique, tout incrimine un certain Clayton Pell. Un suspect… qui n’aurait eu que huit ans au moment des faits. Erreur du labo ou faute impardonnable de deux inspecteurs ? Les conséquences de ce cafouillage s’annoncent monumentales, Bosch se met immédiatement au travail lorsqu’il est appelé sur une scène de crime. Un homme se serait jeté du septième étage du célèbre hôtel de Los Angeles, le Château Marmont. La victime, George Irving, est le film d’un conseiller municipal très influent à L.A., un homme qui n’a jamais porté Bosch dans son cœur. Pourquoi exige-t-il que ce soit lui qui mène l’enquête ? Deux intrigues menées en parallèle, l’une révélant la corruption de politiciens obnubilés par leurs profits, l’autre la monstruosité de prédateurs sexuels, et une description de Los Angeles qui fait froid dans le dos. »


Harry Bosch est un personnage charismatique créé par Michael Connelly. Il participe à l’immense majorité des ouvrages nés de la plume du célèbre auteur américain. Le célèbre enquêteur de la Cité des Anges est un de mes chouchous littéraires. Il possède toutes les caractéristiques du héros qu’on aime adorer. Ses méthodes sortent des sentiers battus tout en préservant toujours une éthique personnelle. Il n’est pas soumis à sa hiérarchie et apparaît être en mission permanente. Sa personnalité n’est pas sans conséquence sur sa carrière. Mais il place toujours la quête de la vérité avant ses intérêts personnels. Il est évidemment habité de nombreux démons personnels qui s’accumulent avec les années.


« Ceux qui tombent » est le dix-huitième ouvrage dans lequel apparaît Bosch. Néanmoins, cela ne doit pas empêcher un nouveau lecteur de le rencontrer à travers cette aventure-là. L’enquête reste l’attrait principal de la lecture. Le fil conducteur qu’est le personnage principal est un bonus non négligeable. Le fait de ne pas connaître les épisodes précédents n’empêchera pas le néophyte de s’attacher à ce baroudeur de Los Angeles. Connelly a un vrai talent pour faire transpirer la présence de ses protagonistes en peu de mots.


Comme l’indique le synopsis précédemment évoqué, ce roman fait cohabiter deux intrigues. Elles s’opposent parfaitement. La première est vieille de vingt ans et n’intéresse pour ainsi dire personne. La seconde date de la veille et se trouve sous les feux des projecteurs. Leur seul point commun est de voir Bosch et son coéquipier Chu être en charge de les élucider. L’attrait de cette structure narrative est de densifier la lecture. Notre curiosité oscille en permanence entre un indice ou une révélation de l’une ou l’autre des affaires. Mes interrogations étaient à plusieurs échelles. D’une part, je souhaitais connaître le fin mot de chaque histoire et d’autre part, j’étais excité de découvrir le lien qu’il pouvait exister entre ces deux morts.


L’auteur arrive à doser l’équilibre subtil entre les deux trames. Il n’en néglige aucune des deux et il n’y a pas de hiérarchie trop marquée entre l’une et l’autre. Aucune n’est le parent pauvre de l’autre. Elle possède chacune des caractéristiques, une atmosphère et des enjeux qui lui sont propres. J’ai vraiment le sentiment d’avoir eu deux histoires pour le prix d’une plutôt que deux demi-histoires bancales et superficielles. Une nouvelle fois le romancier arrive à dérouler une pelote de laine pleine de nœuds que j’ai pris beaucoup de plaisir à voir se démêler petit à petit. Malgré les années qui passent, le talent de Connelly est toujours aussi grand et habilement exploité.


Bosch est habité par Los Angeles. J’aurais du mal à l’imaginer ailleurs tant l’écrivain a fait de la ville l’autre héros de sa saga. Que ce soit dans un grand hôtel, dans un centre de réhabilitation pour prédateurs sexuels ou dans un quartier plus résidentiel, chaque lieu est habité par la personnalité de cette ville fascinante aux multiples facettes. La force des thrillers américains est de placer leurs histoires dans une atmosphère envoutante. Connelly est un maître de cet art.


Pour conclure, « Ceux qui tombent » est un excellent cru des pérégrinations d’Harry Bosch. Je l’ai dévoré d’une traite au cours d’un long voyage aérien. La lassitude ne m’a jamais gagné et ma curiosité a été attisée de manière continue. Je ne peux donc que le conseiller à tout le monde. La simplicité d’accès du style d’écriture permet une entrée immédiate dans une lecture qui ne vous lâchera plus jusqu’au dénouement…

Eric17
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le 15 avr. 2015

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Eric17

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