Prendre un livre au hasard dans une bibliothèque, se laisser envoûter par un puissant sentiment s'attirance et décider de le lire, sans même jeter un oeil sur la quatrième de couverture ou sur la couverture elle même est toujours une expérience agréable. Pour ma part, ce genre de procédé ne m'a jamais conduit à une réelle déception. Rien de mieux qu'un livre qui vous appelle pour passer de bons moments. Car même s'il a ses faiblesses, même si parfois on se demande si la magie sera vraiment au rendez-vous, un lien existe entre lui et vous, et ce lien ne se tisse pas pour rien.


Pour ma pars, j'ai choisis de lire Charlie un peu au hasard. La pile des livres que j'ai à lire et qui m'attend dans mon salon commence à furieusement ressembler à une tour de Pise et des mesures s'impose.


Quoi que ma volonté première fut de me lancer dans un Thilliez, cette force presque magique dont j'ai parlé plus haut s'est abattu sur moi et, sans savoir pourquoi, je me suis tourné vers l'histoire de cette petite fille qui n'avait rien demandé.


Bien que pour une fois, King commence son histoire en nous plongeant dans une course poursuite, en nous jetant dans l'action sans nous donner d'explications, les premières pages du roman me parurent un peu longue. Sans doute suis je trop habituée à ce que King débute ses histoires lentement (quel paradoxe) en nous plantant le décors et en nous présentant soigneusement les personnages, comme le ferait un ami désireux que l'on s'intègre vite dans sa petite bourgade.
De fait, je me suis sentie un peu confuse, un peu perplexe, et je crus avoir mal choisis mon livre du moment.
Mais à mesure que les explications arrivent, la course poursuite prend une tournure différente. Il ne s'agit pas simplement de suivre d'un regard vague nos deux fuyards et de dire bravo lorsqu'ils passent une nouvelle épreuve, mais aussi de comprendre ce qui les à mener à cela. De comprendre les implications de leur passé, de leur fuite et les conséquences pour chacun.


Les conséquences, en effet, est un thème très important dans ce roman de King. À vrai dire, si ces deux jeunes étudiants fauchés n'avaient pas tenté de gagner 200$ en participant à une simple expérience, rien ne serait arrivé. Ils n'auraient acquis aucune aptitudes bizarres, n'auraient pas donné naissance à une petite fille ayant hérité d'un étrange facteur Z (d'ailleurs ils ne se seraient probablement pas connus). Et ci cette petite fille n'était pas née (ou du moins sans les pouvoirs du lot Six), sa mère ne serait pas morte assassinée, son père enseignerait toujours et profiterait d'une petite vie tranquille. Si la mère n'avait pas reçu sa funeste visite, la petite et son père ne serait pas en fuite. Et en l'absence de fuite, pas de massacre de poulets, d'homme flambant ou de reconstitution de l'enfer.


Alors à qui la faute ?


Car la qui dit conséquences, dit responsabilités. Et éventuellement culpabilité.


Ici, ces questions reviennent régulièrement tout au long du récit. Car si Andy et Vicky apprennent à leur petite fille à être responsable, à ne pas se servir de ses pouvoirs, leur existence même pose question : la petite sera-t-elle en mesure de toujours les maîtriser ? Agira-t-elle toujours conformément au bien de son entourage, proche ou lointain ? En gros, la question se pose de savoir si Superman sera toujours de notre côté. Si personne ne viendra le séduire ou le forcer à agir contre nous. Étrangement, pendant un bon bout de temps, les gens ont foutu la paix à Superman (et pourtant, les habitant de Smallville ne devaient pas être bien finauds pour ne même pas comprendre qu'il s'agissait de Clarc Kent sans lunette... Mais je m'égare.)


Donc, une petite capable de faire griller une ville entière par sa simple volonté, ca se surveille. Mais jusqu'à quel point ?


L'histoire nous montre bien que si la Boîte n'avait pas merdé et s'était contenté de garder un oeil discret sur elle (ce que l'on peut comprendre. Après tout, la Boîte a participé à la rendre ainsi, elle en devient partiellement responsable), rien ne serait arrivé. Ou peut être pas. Car si la petite Charlie est bien élevée, elle apprend et grandit au fil de ses aventures. Son pouvoir, elle le craint, puis le comprend avant d'arriver à le maîtriser en partie et sa notion du Bien et du Mal avec. Et grâce à qui ? À la boite. Comme le fait si justement remarquer le professeur Wanless, rien ne nous prouve qu'à l'adolescence la gamine ne serait pas devenu un fléau.


Enfin, il fait l'admettre, une manière douce eut certainement été plus humaine.


Et en parlant d'humanité, pensons un peu à l'Humanité. Est ce que la sécurité de milliards de personnes ne peut pas excuser la mort d'une ou deux anonymes ? C'est en gros le raisonnement de la Boîte...
Ou alors la survie d'une ou deux personnes anonymes légitime-t-elle la mise en danger de dizaines, de centaines d'autres ? Là, c'est le point de vu du lecteur à fond dans sa lecture, même si cela reste inconscient.
Car pour sauver Charlie, Andy ne se culpabilise guère de pousser des gens. Ou de les tuer. (Après tout, ce sont des méchants qui agissent mal, pourquoi s'en faire ?)
Et une fois qu'elle a tout perdu, Charlie ne se formalise pas plus que cela de laisser son pouvoir se déchaîner, même si la culpabilité arrive plus tard...


Lorsqu'il n'est question que d'eux, les Manders n'hésitent pas à porter secours à ce pauvre bougre et à son adorable gamine, mais lorsque des dizaines de personnes sont concernées par leurs choix, voir des centaines, la question est tout autre... Pour quoi est on prêt à mettre la vie de nos proches, ou d'étranger en danger ?


Au final, Charlie n'est qu'une petite fille avec une bombe en elle. Doit on alors s'occuper de la bombe ou de la fillette ? La réponse vous semble simple ? Corsons alors la chose et considérons ceci avant de répondre : chacun de nous (et cela est d'autant plus vrai 30ans après la rédaction du livre) peut facilement créer une bombe en sachant que son explosion ne passera pas forcément par un suicide...


Pour en revenir à l'oeuvre elle même, il s'agit là plus d'une belle source de questionnement que d'une belle histoire. D'ailleurs, je dois admettre que Charlie ne sera pas mon King préféré de ce point de vue là. L'histoire en elle même reste simple et, mis à part la question des pouvoirs extraordinaires, assez commune (des rats de laboratoire traqués par le gouvernement, rien de neuf sous le soleil). Ceci dit elle se laisse lire et les questionnement induits par King amènent une dimension vraiment intéressante à la lecture.
Pas mon King favoris donc, mais comme je le pressentais, pas de déception en fermant le livre. Un petit 7, mais un 7 quand même.

Gaby_Aisthé
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le 20 janv. 2016

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