J'avais beaucoup aimé ses premiers romans, "Les âmes grises" (2003), "La petite fille de monsieur Linh" (2005), et "Le rapport Brodeck" (2007), trois romans, trois destins de vie raconté avec une belle écriture sensible, fluide et addictive.
Et puis je l'ai un peu abandonné, lui parti vers d'autres chemins (le cinéma) et moi envahie par les piles de bouquins à lire, toutes ces nouvelles parutions à ne pas rater.
Et arrive son dernier livre : "Crépuscule", je retrouve son style, son envie de déballer une histoire prenante, bref un roman qu'on a envie de lire jusqu'au bout.
Parce que P.C. est un raconteur et entrer dans son imaginaire est un véritable plaisir, une découverte.
Une atmosphère figée aux frontières d'un empire inconnu, en un lieu non défini et en un temps qu'on devine lointain.
On retrouve l'envie de l'auteur de narrer l'histoire sous la forme d'un conte et de légendes, proposer aux lecteurs une évasion.
Voilà le décor planté, un village isolé, façonné par une météo de tous les diables, on découvre le corps du curé mort d'un coup de pierre qui lui fracasse le crâne..
L'enquête démarre, prise en charge par un binôme mal assorti, un couple présent dans beaucoup d'oeuvres littéraires.
Le policier Nourio, maigre au visage olive qui a du mal à gérer ses pulsions sexuelles et son adjoint Baraj, un colosse sensible, gentil et parfois poète.
Ce meurtre va mettre le feu aux poudres dans ce village isolé où les communautés chrétiennes et musulmanes vivent en bonne entente.
Meurtre instrumentalisé par le pouvoir ?
On entre alors dans le mensonge, le coupable est tout trouvé, la communauté musulmane, 14 familles qui habitent ce lieu, ceux qu'on appelle les boucs émissaires.
Ce n'est pas une enquête policière mais une fabrication d'une contre vérité.
C'est un mécanisme millénaire et fortement actuel, trouver un ennemi commun qui soude le collectif.
P.C. nous parle de ce qui nous arrive aujourd'hui en offrant un regard acide sur nos sociétés.
Il trifouille la nature humaine, sa noirceur indétrônable .
Crépuscule des hommes, des dieux, de la vieille Europe ?
Sachez que ce roman sombre est aussi habité par un humour noir, le ton est souvent moqueur pour nos pauvres âmes humaines.
Sublime.