Il fallait aller le chercher, ce personnage, il fallait l'exhumer l'obscur bretteur, le poète étourdi, ce gascon presque oublié. Ce n'était pas suffisant de trouver un personnage, il fallait le rehausser, le faire vivre, et lui réécrire une postérité. C'est réussi avec une simplicité et une facilité déconcertantes : jamais versification n'a paru être si légère, n'a autant servi le récit. C'est que Cyrano n'a que les mots pour séduire, et il les utilise avec une énergie désespérée. Je comprends ceux qui n'aiment pas la sincérité de cette pièce dénuée de prétention, et peut-être ai-je aimé ce livre avant d'avoir un esprit critique (peut-être n'ai-je jamais eu d'esprit critique), mais Cyrano reste mon meilleur ami imaginaire. Autant vous dire que ceux qui critiquent mes amis, je les ai dans le nez. (pardon)