John Smith. Un nom banal pour un homme ordinaire qui a tout pour être heureux.
John Smith n'a rien demandé, il n'a jamais voulu devenir quelqu'un de spécial.
John Smith est séduisant mais pas spécialement beau. Il est gentil mais il sait aussi se moquer et s'énerver. Il n'est pas plus intelligent que la moyenne mais il est loin d'être idiot. Il sait être jaloux, tolérant, en colère, heureux.
L'auteur ne nous parle pas ici d'un surhomme, mais de quelqu'un que l'on aurait pu appeler "monsieur tout le monde", quelqu'un qui aurait pu se fondre dans la foule sans que qui que ce soit ne se retourne sur son passage.
C'est sans doute en cela que l'œuvre est déroutante, dérangeante, prenante.
John Smith, l'homme ordinaire, qui acquiert du jour au lendemain le pouvoir de connaître l'avenir, le passé, et les pensées de ceux qui entrent en contact avec lui. Johnny, qui avant d'obtenir cette particularité a frôlé la mort dans un accident de taxi qui aurait pu arriver à n'importe qui. Johnny, qui change les destins, qui effraie ceux qui ne comprennent pas, et qui souffre aussi bien physiquement que moralement. Johnny qui a tout perdu et qui tente tant bien que mal de garder la tête hors de l'eau.
Le soir de son accident, la roue qu'il a tournée était celle de sa Fortune, de sa vie. John a joué, il joue encore, et sa vie qui s'emballe finit par le mener sur les traces de criminels. Et plus précisément d'un.
Alors qu'il est abandonné par les autres, que son propre père s'en veut d'avoir souhaité la mort de son fils devant tant de souffrance, que sa fiancée l'a quitté alors qu'il était dans le coma, qu'il a perdu sa mère, et que son corps est brisé, John Smith tient entre ses mains la destinée, la vie, d'un nombre incalculable de personnes.
Stephen King nous livre ici une histoire exceptionnelle, il met en scène la vie de plusieurs êtres, bons comme mauvais. Tout est calculé, les choses deviennent à la fois terriblement complexes à suivre et terriblement claires. Les gens sont des moutons, ils ne remarquent pas le danger qui les guettent, pire encore ils suivent le Loup glissé parmi eux comme s'il s'agissait du berger. Leur salut ne repose plus que sur les épaules d'un seul être qui a tout perdu mais qui est trop bon pour les abandonner.
Tout simplement incontournable.