Dès l'instant où j'ai lu ses premières lignes, "Des fleurs pour Algernon" m'a conquise et complètement transporté.
Charlie, déficient intellectuel, tient un journal de bord à la demande des médecins et chercheurs qui l'ont choisi pour leur nouvelle étude sur l’intelligence. Après avoir opéré plusieurs souris et ayant été satisfaits des résultats concernant Algernon, les chercheurs décident d'opérer le premier être humain et Charlie, parce qu'il a vraiment envie de devenir "un teligent", est la personne convenant le mieux. L'opération est une réussite, en quelques mois Charlie développe une intelligence très élevée. Cela se manifeste d'abord par son écriture: pleine de fautes d'orthographe au départ (ce qui rend la lecture des premières pages un peu laborieuse), celles-ci disparaissent et l'écriture devient plus élaborée et Charlie, petit à petit voit clair: des souvenirs lui reviennent auxquels il y met un sens. Il développe également une capacité d'imagination. Et le plus dur, il comprend que ses "amis" avec qui il riait beaucoup, ne riaient pas avec lui mais à ses dépends.
Mais quand le comportement d'Algernon devient de plus en plus agressif et que celle-ci perd certaines de ses capacités, Charlie décide de mener sa propre recherche, de comprendre ce qui arrive à cette souris et ce qui lui arrivera sans doute à lui aussi. Ainsi il tente de profiter de ces derniers instants d'intelligence.
Si j'ai trouvé ce livre passionnant, je ne cache pas que je me suis un peu ennuyé au milieu du livre, et qu'à cet instant là, Charlie devenait bien moins attachant.
Etre intelligent ne rend pas l'homme meilleur et Charlie qui se sentait entouré et aimé avant l'opération perd soudainement ses amis car il fait peur à son entourage.
L'intelligence n'est pas qu'une histoire de QI, aujourd'hui certains attestent qu'il existe plusieurs types d'intelligence dont l'intelligence émotionnelle et l'intelligence sociale. Ainsi, si Charlie devient un "génie" en apprenant plusieurs langues et en en connaissant plus que les professeurs d'université qu'il rencontre, ses émotions et ses rapports sociaux, eux, ne se développent pas aussi rapidement et il doit apprendre certains comportement et inhiber ceux qu'il avait l'habitude de développer dans l'enfance.
Ce livre, écrit à une époque où le terme "arriéré" était toujours utilisé, même par le corps de la science et de la médecine, où les asiles existaient encore, soulève également le problème de l’éthique dans la recherche en psychologie où les contraintes des études poussent les chercheurs à oublier l’intérêt de l'Homme. Mais Daniel Keyes va un peu trop loin notamment lors de la conférence qui rend l'étude publique où l'un des chercheurs dit ceci à propos de Charlie qui est présent: "Dans un certain sens il est le produit de l'expérimentation psychologique moderne. Au lieu d'une coquille vide dépourvue d'esprit, un fardeau pour la société qui ne peut que craindre son comportement irresponsable, nous avons un homme digne et sensible...".
Je doute vraiment qu'un chercheur en psychologie, qui est donc lui même psychologue, puisse avoir de tels propos, même dans les années 1960!
Tout de même un très beau livre qui questionne sur la déficience intellectuelle. A l'heure d'aujourd'hui des méthodes et outils thérapeutiques tentent de développer au maximum les capacités des personnes atteintes de déficience mais cela est t-il dans leur meilleur intérêt? En espérant que la recherche ne parvienne jamais à réaliser cette fameuse opération qui comporte bien trop de danger.