Lorsqu'il se réveille, Sparrow a perdu la mémoire. Il se rappelle juste de son accident lors de l'exploration d'une planète. Avant, c'est le trou noir. On lui dit qu'il a 17 ans. Et qu'il fait partie de l'équipage de de l'Astron, un gigantesque vaisseau spatial. A son bord, quelques centaines de personnes, jeunes pour la plupart. Seul maître à bord, le Capitaine Michael Kusaka, tyran onctueux et immortel. Le but de l'Astron: trouver une présence extra-terrestre. Mais depuis ces milliers d'années que le véhicule a quitté la Terre pour sillonner les galaxies, rien. Pas d'organismes vivants, pas une intelligence.

Dark Beyond The Stars (Je l'ai lu en anglais) commence bien. Le lecteur est amené à découvrir, en même temps que Sparrow, le fonctionnement de la micro-société à l'intérieur de l'Astron. Les générations se succèdent les unes après les autres dans un espace confiné. Au milieu du roman, on se perd dans les relations entre les personnages. La troisième partie et dernière partie, concise, force à reconsidérer l'ensemble à l'aune du "twist" final. Entre-temps, l'auteur américain Frank M. Robinson aura réussi à égrener suffisamment de rebondissements pour exciter la curiosité jusqu'au bout.

Efficace dans la description de ce microcosme déliquescent d'humanité, en route vers les Ténèbres, Frank M. Robinson est moins à l'aise dans la caractérisation psychologique des personnages. Ils manquent d'épaisseur pour qu'on s'y attache. Mais la naïveté de Sparrow, le narrateur, apporte une fraîcheur bienvenue : ses bribes de mémoire qui remontent, ses déceptions amoureuses, ses entrevues avec le Capitaine, son sentiment grandissant de révolte.

Sans esbrouffe, sans mise en scène spectulaire, Dark Beyond The Stars fait monter le suspense. Le Capitaine sera-t-il renversé par la mutinerie de ceux qui n'ont plus l'espoir de trouver de la vie ailleurs ? De toute façon, notre planète n'existe peut-être même plus. Plus proche d'un Robert Charles Wilson par l'humanisme que d'un Alastair Reynolds par l'absence de considérations scientifiques pointues, Frank Robinson parvient à nous toucher sur la préciosité de la vie. C'est quoi être humain ? C'est savoir quand renoncer à l'espoir.
Joel
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le 20 août 2011

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