Des bourreaux truculents

Pour un premier livre, Michel Folco réalise un coup de maitre.

Armée d'une plume acérée et drolatique, l'auteur nous entraine dans deux histoires distinctes : L'ancêtre fondateur d'une famille de bourreaux au moyen âge ; le dernier descendant de cette dynastie pas comme les autres, alors que la charge de bourreau vient de lui être retirée par la République Française.

La première partie nous raconte l'histoire de Justinien Pibrac, personnage aux origines mystérieuses affublé d'un nez en bois, qui s'acclimate mal à la voie monastique et à l'adoration du Saint Prépuce pour finir dans des circonstances que je tairai à Bellerocaille, bourg en quête désespérée d'un bourreau suite au crime ignoble d'un cuisinier (scène d'ouverture du livre, d'un humour noir délicieux).

On apprend beaucoup sur la profession d'un bourreau. Le pourquoi, le comment, les enjeux politiques, économiques et sociaux gravitant autour de ce métier si particulier.

Quand on quitte cette première partie, on se sent déjà orphelin du livre, mais c'est pour mieux se plonger dans ce crépuscule des bourreaux, savamment orchestré par Folco grâce à une réunion de la profession où les personnages, colorés, pittoresques, défilent pour notre plus grand plaisir.

Le style de Folco, bigarré, truculent, avec un vocable de profession suranné, savoureux, transporte ce roman au fond somme toute sombre mais ensoleillé par son verbe réjouissant.

Un régal !