Divergente 2
6.3
Divergente 2

livre de Veronica Roth (2012)

Avec le succès des Hunger Games, on devait s’attendre à ce que les dystopies inondent les librairies, et on a été servis. Le problème c’est qu’on a été servis par pas mal de merde.


Divergent, donc, roman jeunesse de Veronica Roth, appartient clairement à cette catégorie.


Tout d’abord, ça commence fort, puisque le postulat de départ de ce livre est d’une absurdité incroyable pour un roman d’anticipation : on nous explique qu’après une guerre, la population s’est réunie (ou plutôt divisée) en 5 factions (les Altruistes, les Sincères, les Audacieux, les Fraternels et les Érudits) correspondant chacune à la qualité qui selon eux, était essentielle pour éviter une nouvelle guerre. OR, je vous le demande, QUELLE MEILLEURE MANIÈRE DE DÉCLENCHER UNE GUERRE QUE DE DIVISER LES GENS EN CINQ FACTIONS COMPLÈTEMENT DIFFÉRENTES ET AUX OPINIONS OPPOSÉES ?! Franchement, j’ai rarement eu autant l’impression de lire un livre écrit par quelqu’un qui me prenait pour une imbécile.

A part ça, sur ces 5 castes (qui m’évoquent vaguement le Meilleur des Mondes, de Huxley…), je dirais que seules deux tiennent la route et offrent un minimum d’intérêt : les Altruistes et les Sincères, dont les modes de vie et les règles sont assez intéressants. Le reste, c’est à jeter, et en particulier les Audacieux, qui ne sont qu’une joyeuse bande d’adolescents « emo » en pleine crise qui s’habillent exclusivement en noir, se font tatouer et sautent de trains en marche (attention les rebelles !) pour montrer à quel point ils sont courageux. Pas de bol, c’est la faction que le personnage principal (également narratrice) choisit de rejoindre.

Ensuite, l’autre énorme problème de ce livre concerne les personnages. Ils n’ont strictement aucun charisme, sont tous aussi plats et creux les uns que les autres, et par conséquent, ne créent aucune empathie chez le lecteur qui n’a rien à foutre de ce qui peut bien leur arriver. Certains sont de véritables clichés ambulants, comme Quatre (déjà, un gars qui s’appelle 4 …) le brun-ténébreux-en-apparence-insensible-mais-qui-en-fait-a-eu-des-traumatismes-familaux-dans-son-enfance-et-qui-a-peur-de-rien ou Machine (oui, j’ai oublié son prénom, preuve d’une très forte présence dans le roman encore une fois) la super-copine super-fun qui ne manquera pas de nous éblouir de ses réparties très inspirées, parce qu’elle a vraiment un sens de l’humour très développé quoi (j’ajouterais bien un « lol » pour illustrer un peu mieux mes propos) ! La plupart des personnages secondaires sont parfaitement inexistants, par exemple y a une Lynn et une Marlene, je crois qu'y en a une qui a un frère, une qu'est chauve et une qu'est peut-être morte, je sais pas, en tous cas, on en entend plus parler, parce que la narratrice s'en fout, bien qu’elles soient supposées être ses amies, au départ.

Mais le PIRE – et là c’est très grave ! – c’est cette héroïne : elle est complètement stupide. En plus de ça - je vous raconte un peu le début du livre – dans cette société, tu es supposé, à 16 ans, passer un test d’aptitudes (qui sert à rien, en fait, en plus d’être incohérent) qui révèle à quelle faction tu corresponds le mieux (même si, je le répète, ça sert à rien, parce que de toutes manières, tu choisis la faction que tu veux, au final). Donc notre héroïne (Béatrice, j’ai oublié de le préciser) passe le test qui lui révèle que "cas rarissime" (je cite la quatrième de couverture), elle a des aptitudes pour trois factions (elle est donc divergente), lesquelles ? Eh ben les altruistes (la faction de ses parents) les audacieux (histoire qu'il y ait un peu de l'action, et pour nous faire croire qu'elle est courageuse) et les... Érudits ! Mais ouiii, bien sûr, cette imbécile, une érudite ! En vérité, elle n’a aucune personnalité, pas d'opinions précises, pas de grands principes, pas de croyance, pas de passé, pas d'espoirs... elle ne pense rien. Elle n’a pas de traits de caractère, on nous dit qu'elle est courageuse, alors qu’elle ne l'est pas plus que n'importe quel personnage de livre, sinon moins, on a rarement des preuves de son courage, elle n’est pas non plus spécialement altruiste, ni érudite (c'est même tout le contraire), et elle change d'avis tout le temps ! Parfois, c'est "il faut que je vive pour que mes parents ne soient pas morts pour rien" d’autres fois c'est plutôt "je suis fatiguée de vivre, tout ce que je veux c'est mourir!" puis c'est "Je veux paaaas mourir" et puis d’autres fois "Je n'ai pas peur de mourir". Et elle n’éprouve aucune émotion, l'auteure est d’une nullité incroyable pour décrire ça, genre Béatrice perd ses deux parents dans la même journée, et une barre Mars et ça repars ! Tout le long du livre, elle ne fait que décrire ce qu'elle fait, genre "là je vais dans cette pièce" "là je change mes pansements". A certains moments t'as enfin des bribes de révélations à te mettre sous la dent et elle... elle en pense rien. Elle prend en compte l'information, mais c'est tout, elle ne se pose pas d'autres questions, ni rien. Pire, elle ne prend aucune décision seule, elle est seulement ballotée par les gens qui réfléchissent autour d'elle, elle se bat sans savoir pour quoi, une "information", c'est tout ce qu'on sait. Voilà, cette fille est complètement inintéressante et stupide.

A part, ça, comme je vous l'ai dit, son cas est sensé être "rarissime", pourtant, au bout d'un moment, on se rend compte qu'y a des divergents à tous les coins de rue! Genre l'auteur a retourné sa chemise, elle s'est rendue compte que c'était mieux si y en avait plein, et pouf, l'histoire change ! (oui, vous avez du remarquer que mon style se dégrade au fur et à mesure de la critique, vous en faîtes pas, c’est juste ce livre qui m’énerve)

Aussi, étant donné que la narratrice est stupide et qu'elle ne se pose aucune question, on ne sait pas ce qu'on attend, la société est super mal décrite, sinon pas du tout décrite, et merde, quoi, c'est tout ce qu'on attend d'un roman de dystopie, de nous amener à réfléchir sur notre société et ses dérives, et là, pas du tout, la fille ne pense rien de sa société, elle est révoltée contre rien, elle fait qu'agir, sans réfléchir, et du coup, on sait même pas ce qu'on attend en lisant le roman, y a pas d'intrigue, on fait que suivre la gourdasse. A la fin du tome 2, ENFIN (oui, parce que j'ai QUAND MÊME foutu 15€ dans le tome 2 !), on nous apprend dans les deux dernières pages ce qu'est l'intrigue, sauf que la narratrice ne va toujours pas commencer à s’interroger, elle va préférer continuer à croire qu'elle prend des décisions elle-même alors que les autre choisissent pour elle. La moindre des choses, dans un livre de ce genre, c'est d'avoir un narrateur intelligent qui réfléchisse par lui-même sur sa société, et qui sait pourquoi il agit !

Un autre détail qui m'a légèrement saoulée : dans ce monde, il y a des sérums pour TOUT ! Genre tu veux délirer et croire que t'es attaqué par des oiseaux ? Y a un sérum pour ça! Tu veux contrôler des tas de gens à distance via un ordi ? Y a un sérum pour ça ! Tu veux droguer des gens pour pas qu'ils soient chiants ? Y a un sérum pour ça ! Tu veux juste tuer quelqu'un ? Y a un sérum pour ça ! Tu veux le paralyser ? Y a un sérum pour ça ! Et tout le monde est infirmier, puisque tout le monde peut s'administrer le sérum lui-même ou le donner à quelqu'un d'autre ! (d’ailleurs, la drogue que prennent à leur insu les Fraternels pour pas être pénible m’évoque là encore le soma du Meilleur des Mondes…). Et puis y a aucun problème à se balader avec des armes en permanence, c'est même bien !.

Finalement, le style est d’une pauvreté un peu triste, mais très commune à de nombreux romans jeunesses traduits de l’anglais et qui sortent actuellement.

Allez, si je devais garder un bon point à ce roman, je dirai que… y a du rythme ?


En conclusion, je ne vous conseille pas ce roman (des fois que ce soit pas déjà assez clair) à moins que vous ne vous apprêtiez à subir une lobotomie, ça préparera le terrain.
MidnightOrLater
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le 8 mars 2014

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Marion

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