Comme plusieurs des ouvrages de King, Dolores Claiborne occupe une place à part de par sa forme et par l’histoire qu’il raconte. Pas d’horreur ou de fantastique ici (ou presque), mais l’histoire douloureuse d’une femme qui se révèle peu à peu prête à tous les sacrifices pour sauvegarder l’avenir de ses enfants. C’est sous la forme d’une confession, d’un long monologue ou plutôt d’un dialogue à une seule voix que King entreprend un récit bouleversant.

Le thème semble être cher à l’écrivain, puisqu’il nous raconte également ici l’histoire d’une femme de petite condition prise dans les griffes d’un mari aussi méchant et violent que stupide. King s’en prend une nouvelle fois à cette Amérique idiote (nous avons la même idiotie en France rassurez-vous), de courte vue et d’encore plus courtes idées. Au travers des yeux de Dolores, il trace le contour de populations coincées dans leurs certitudes et leurs convictions d’un autre âge, persuadées de la suprématie d’un peuple élu par on ne sait qui.

Dolores est pourtant une femme de principes, malgré cela elle va lentement glisser vers l’acte fondateur du passage d’une vie à l’autre, un acte grave, prémédité, mais destiné à sauver ses enfants d’un père et mari haï. Presque naturellement on éprouve de l’empathie pour elle, on tremble à l’idée d’un échec de son projet et des conséquences qu’il aurait. On ne se pose pratiquement pas de questions et bien malgré nous, Stephen King nous amène à presque soutenir cette vision venue d’outre-Atlantique d’une justice personnelle qui aurait moralement le droit, par moments, de passer outre la justice collective.

Seule petite touche (très légère) de fantastique, une vision qu’a Dolores Claiborne à plusieurs reprises d’une petite fille qui semble vivre, comme elle, la même éclipse à des centaines de kilomètres de distance. Les connaisseurs reconnaîtront l'oeuvre en question et un certain talent de l’écrivain pour établir des passerelles entre ses ouvarges.

Une nouvelle fois, comme après d’autres livres tels que Cœurs Perdus En Atlantide ou La Ligne Verte, Stephen King prend le parti de s’amuser avec nos sentiments et émotions et montre que c’est bien dans ce registre qu’il excelle aujourd’hui. Cela ne l’empêche pas de poursuivre cette recherche d’originalité qui jalonne sa carrière et de démontrer par là que sa créativité et son imagination ne le quitteront probablement que sur son lit de mort.
Jambalaya
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Les Rois de ma bibliothèque

Créée

le 20 juil. 2013

Critique lue 1.5K fois

21 j'aime

8 commentaires

Jambalaya

Écrit par

Critique lue 1.5K fois

21
8

D'autres avis sur Dolores Claiborne

Dolores Claiborne
Bing
8

Le cauchemar du lecteur qui veut finir le chapitre avant d'éteindre la lumière

Dolores Claiborne nous prouve que Stephen King est tout aussi à l'aise hors du cadre de l'horreur dans lequel on semble bien souvent le catégoriser. Comme le dit @Linsolent dans sa liste: Tu n'as pas...

Par

le 8 sept. 2012

7 j'aime

Dolores Claiborne
DéZie
10

Critique de Dolores Claiborne par DéZie

Je l'ai lu, lu et relu, et j'adore toujours autant ce livre. Il se lit vite et facilement, et j'adore l'effet miroir avec le livre "Jessie" ... Deux histoires parallèles et terribles !

le 19 oct. 2010

2 j'aime

Dolores Claiborne
ArianeDufossez
9

Un livre que l’on dévore

Je me suis remise à la lecture récemment et ce livre s’est emparé de moi. Je n’avais qu’une envie s’était lire la suite . Malgré qu’il n’y est pas de chapitre, on ne se retrouve pas à bout de...

le 22 août 2021

1 j'aime

Du même critique

The Truman Show
Jambalaya
9

Quand la vie de Truman capote...

The Truman Show, un film touché par la grâce, de son réalisateur Peter Weir d'abord, qui a rarement été autant au sommet de son talent depuis, de Jim Carrey ensuite, qui a fait taire avec ce film,...

le 10 déc. 2013

155 j'aime

17

True Detective
Jambalaya
9

Les Enfants Du Marais

True Detective est un générique, probablement le plus stupéfiant qu’il m’a été donné d’admirer. Stupéfiant par les images qu’il égraine patiemment, images d’une beauté graphique rare, images sombres...

le 12 mars 2014

152 j'aime

15

Le Monde de Charlie
Jambalaya
10

Charlie's Angel

Voici une œuvre miraculeuse, d’une justesse dans les sentiments et les émotions adolescentes qui m’a ramené vingt-cinq ans en arrière. A cette époque, se trouver une identité revenait à les essayer...

le 5 janv. 2014

152 j'aime

26