L'effondrement est un choix

On a beaucoup romancé la disparition soit-disant mystérieuse de nombreuses sociétés passées, tout en niant la possibilité de chute de nos sociétés modernes. Et pourtant. On comprend vite, à la lecture d'Effondrement, que tout est une affaire de choix ; écologiques, politiques, sociaux, culturels : ils ont tous -et d'autres encore- une énorme influence sur l'avenir de nos civilisations.

D'une densité rare mais sans lourdeur, ce livre est une mine d'or. L'angle environnemental est abordé sans pour autant prendre le pas sur les autres facteurs d'effondrement d'une société, et chaque exemple est appuyé par de nombreuses sources. On aborde aussi la manière dont les archéologues travaillent -notamment sur d'anciennes civilisations. Quant aux sociétés du présent, le livre parvient à dresser un constat sombre sans manquer d'optimisme sur la suite des évènements, dont le dénouement ne dépend que de nous. Un livre fouillé et détaillé qui ne fait pas dans le politiquement correct ni le superficiel, notamment dans son opposition Premier monde / Tiers monde.

De plus, quelques détails d'édition font particulièrement plaisir : bibliographie très détaillée, cartes -dont une globale- en fin d'ouvrage... Le lecteur est bien accompagné. En revanche, l'édition française comporte quelque soucis d'orthographe, de syntaxe, de traduction (on sent parfois la phrase anglaise derrière le français, lui-même incompréhensible dans deux ou trois phrases) et de style (les deux traducteurs se différencient trop). Mais cela ne gâche en rien la lecture : cet essai -une enquête ou un rapport, en fait- est exceptionnel. C'est un livre qui vous change, un ouvrage d'une pertinence rare.