Aussitôt après la fuite du Streaker (racontée dans Marée Stellaire), la guerre galactique éclate. Les espèces les plus fanatiques veulent obtenir les découvertes du vaisseau piloté par les dauphins. Ainsi, les redoutables Gubrus assiègent Garth, planète à l’écosystème malade située aux confins de la galaxie et confiée aux Terriens. La population composée d’humains et de néo-chimpanzés est ainsi prise en otage et livrée à elle-même. Robert Oneagle, fils de la coordinatrice planétaire, et Athaclena, fille de l’ambassadeur tymbrimi, tentent d’organiser la résistance aux envahisseurs.


La Guerre de l’Elévation est le troisième tome du Cycle de l’Elévation, et il démarre plutôt bien. Le lecteur semble enfin plongé au cœur des événements qui agitent la galaxie. Une fois l’introduction passée, on espère cependant ne pas rester empêtré dans une histoire très locale de résistance dans les montagnes et dans l’unique cité de Garth. Et c’est pourtant très exactement ce que l’auteur va nous proposer. Pendant 850 pages. Ce très long roman va donc détailler toutes les péripéties de la lutte des humains et des néo-chimps de Garth contre les occupants Gubrus. Pendant ce temps, aucune nouvelle de la guerre galactique, et épargnons le maigre suspense, le livre se termine sans que nous sachions ce qui a bien pu arriver à l’équipage du Streaker, qui est d’ailleurs à peine mentionné.


Ce roman souffre des mêmes défauts que ses prédécesseurs. Comme dans Marée Stellaire, l’auteur se concentre sur une histoire locale peu intéressante qui ne prend une réelle ampleur que dans les toutes dernières pages. La galerie des personnages est ici aussi très fade, aucun d’entre eux ne laissera de traces réelles dans la mémoire des lecteurs. Tous les personnages, sur Garth comme sur Kithrup, sont confrontés à des périls historiques mais semblent surtout obsédés par l’idée de trouver un partenaire sexuel et amoureux. Quant aux méchants Gubrus, ils sont terriblement caricaturaux, fanatiques, névrosés par des rites ancestraux irrationnels comme la plupart des espèces de cet univers.


Et si cette espèce d’extraterrestres aviens apporte une touche d’exotisme bien nécessaire, ça ne fonctionne pas du tout puisque l’auteur évite soigneusement de décrire ces Gubrus et leurs actions, exactement comme pour les dauphins de Marée Stellaire. Si on avait du mal à imaginer à quoi pouvait réellement ressembler un vaisseau spatial piloté par des dauphins, il est encore plus compliqué ici de se représenter ces espèces de flamants roses géants manipuler des fusils, piloter des vaisseaux spatiaux et se déplacer au sol sur des serres sans voler. Ce moment où le soldat Gubru tente de manipuler un jeton avec son bec est tout à fait pathétique, sachant qu’on parle ici d’une espèce astro-navigatrice qui compte des millions d’années d’évolution d’avance sur les Terriens. Faute de réelle description, la seule image qui vient en tête est celle des Shadoks, ce qui nuit gravement au sérieux qui transpire de chaque ligne de ce roman…


Comme si ça ne suffisait pas, l’auteur (ou est-ce la traduction ?) nous accable de tics de langage qui deviennent vite gênants, voire insupportables. Ainsi, tous les personnages (et tous les animaux qu’ils croisent) cillent en permanence. Ils cillent dans chaque paragraphe, quoi qu’il arrive, et ce verbe s’applique ad nauseam à toutes les situations et en toute circonstance. Pendant 850 pages.


Que reste-t-il à sauver de ce roman ? Quelques personnages plus ou moins réussis, un peu d’humour, et un développement sérieux et profond du mécanisme de l’Elévation et de sa dimension multiculturelle à l’échelle de la galaxie. L’univers de l’Elévation n’est pas sans intérêt, loin de là, mais la capacité de l’auteur à faire vivre ses histoires et ses personnages est vraiment très limitée. Ainsi, il ménage un effet de surprise un peu avant la moitié de son récit : quelques Terriens et quelques néo-chimps tentent de pratiquer des mécanismes d’Elévation sur des gorilles dans les montagnes de Garth. Mais comment le lecteur peut-il en être surpris si le roman est dédié à Jane Goodall et Dian Fossey ?


Prix Nebula du meilleur roman en 1987 et Hugo en 1988, La Guerre de l’Elévation clôture le premier Cycle de l’Elévation, qui connaîtra quelques années plus tard l’ajout de trois romans supplémentaires. Pourtant, ce cycle prouve qu’une bonne idée de départ ne donne pas forcément naissance à des histoires passionnantes. Tout le monde n’a pas le talent d’Orson Scott Card.


https://olidupsite.wordpress.com/2018/11/25/elevation-tome-3-la-guerre-de-lelevation-david-brin/

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le 29 nov. 2018

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