Je n'aurais peut-être pas dû le relire passé l'âge de 15 ans...
Quand j'ai lu Eragon pour la première fois, j'ai adoré. Je n'ai pas pu lâcher le livre avant de l'avoir terminé, et ensuite j'ai attendu impatiemment le deuxième tome, que j'ai dévoré également. Le 3 s'est fait attendre ; entre temps, je me suis désintéressée du destin de ce jeune Dragonnier, pour lire d'autres choses et voler vers d'autres univers littéraires.
Il y a une semaine, je me suis souvenue de ce livre, et je me suis dit qu'il était dommage de n'avoir jamais terminé le cycle complet. Alors je me suis replongée dans le tome 1, afin de me souvenir des événements avant d'enchaîner sur les autres, L'Aîné, puis Brisingr, puis L'Héritage. Dire que j'ai été déçue serait peut-être un peu fort, mais une chose est certaine : je n'ai pas été emportée comme je l'ai été quand j'étais un peu plus jeune. Pourtant, je n'ai que 21 ans, il n'y a pas tant d'années que ça qui ont passé, au final. Mais elles ont fait toute la différence dans ma manière d'aborder ce livre, en tout cas. Il est vrai qu'entre temps, j'ai découvert plus d'oeuvres de Fantasy, et j'ai aujourd'hui plus d'outils de comparaison, mais même.
À vrai dire, je comprends toujours ce qui a fait le succès de ce livre, au moins ce qui a fait qu'il m'a beaucoup plu la première fois : déjà, j'aime beaucoup l'idée de base, et la construction de l'univers, même si elle est assez sommaire, est relativement efficace. Oui, l'histoire aurait pu être plus développée, mais c'est convaincant, du moins assez pour que le lecteur soit accroché à l'intrigue et veuille en savoir plus. Après, c'est vrai que ce n'est pas original, que c'est une redite de ce qui se fait "habituellement" dans le champ de l'Heroic Fantasy, mais ce n'est, à mon avis, pas très grave ; de nombreux auteurs, qui ont fait de bons livres de Fantasy, l'ont fait en reprenant les bases que Tolkien a posées. Le seul souci, c'est que ces bons auteurs le faisaient avec classe et personnalité ; Paolini lui, le fait avec l'admiration aveugle d'un jeune adulte, et ça se sent parce que le tout manque cruellement d'âme.
Mais aujourd'hui, je vois plus clairement les choses qui ne m'aparaissaient pas à la première lecture :
- Les personnages sont trop peu creusés. Eragon, notamment, est aussi vide et agaçant qu'une huître. Je pense que pour des jeunes ados, il doit être assez simple de s'identifier à lui, au final, et c'est sûrement ça qui contribue à la réussite de ce livre. Mais il faut avouer que le dragon possède un potentiel que l'auteur n'exploite pas du tout, ou trop peu ; elle a beau répéter que ses pensées viennent de loin et qu'elle est beaucoup plus sage qu'Eragon, Saphira n'a que très peu de profondeur, et raisonne de la même manière que son maître Dragonnier.
- Dieu que c'est mal écrit. Je ne sais pas si c'est dû à mon édition, ou à la traduction (je l'espère...), mais je suis tombée sur de belles perles, du "bref, le garçon s'endurcissait" après trois lignes décrivant ses muscles qui prenaient du volume et devenaient saillants, au "nope". Les phrases courtes coupent sans cesse le rythme du récit, et c'est vraiment dur de suivre. Je comprends que l'auteur était jeune quand il a écrit Eragon ; mais franchement, il n'aurait rien perdu à attendre quelques années pour publier son cycle, le temps de quelques relectures et corrections. Le style est... maladroit, en quelque sorte.
Alors voilà. C'est peu original, vide et ce n'est pas écrit ni mené d'une main de maître. Alors pourquoi 6 ? Parce que je me souviens m'être jetée à corps perdu dans ce livre, et l'avoir adoré, et je pense comprendre pourquoi. L'histoire reste prenante, et malgré ces quelques défauts (majeurs) j'arrive encore à me laisser emporter, parfois... Je pense que ce livre est écrit pour faire écho auprès des jeunes ados qui découvrent le genre, et je ne rentre plus dans cette catégorie aujourd'hui, voilà tout.