« Et quelques fois j'ai comme une grande idée », c'est sans doute ce que l'on pense tous en refermant ce livre Extraordinaire ! Oui, le terme est galvaudé alors qu'il est exigeant. Mais toutes les exigences qu'il renferme sont ici réunies.


Personnellement les 200 premières pages m'ont résisté mais il y avait tout de même ce sentiment de lire un roman sans pareil… et j'ai donc poursuivi mon ascension dans ces lignes serpentées et abruptes, escarpées comme les flans des forêts de l'Oregon et piégeuses comme les eaux des ses rivières, même imaginaires…
On se croit d'abord courageux et peut-être même le véritable héros de cette aventure à poursuivre malgré les embûches et à supporter l'effort sur une telle distance. Mais on est soudain conscient que l'on n'est pas si méritant que cela, confronté moins à un style qui vous appelle à vous dépasser qu'à toute une œuvre qui vous dépasse, vous surpasse et finit par vous avaler. Car Ken Kesey ne nous snobe pas plus qu'il ne nous prend par la main. Il ouvre grand une fenêtre sur le monde et nous dit « regarde : voici les hommes de ce coin. Écoute-les et apprends que tu n'es pas seul dans tes errances et tes questions, tes doutes et tes fautes ». Et la meilleure idée que l'on puisse alors avoir est de plonger dans ce roman, de sauter sur ce petit bout de terre, parmi ses habitants, frères et ennemis, voisins et rivaux, hommes de toutes tailles et femmes de toutes qualités. Car c'est la vie qui se joue ici ; cette lutte pour la beauté, la bonté même, malgré les défauts et les bassesses, et grâce aussi à la force, au courage et quelques bonnes idées. La vie qu'on se joue, tous, et qui se joue de tous ; telle est la belle et grande leçon à en tirer.


Kesey, avec grâce, finalement, ô combien d'humour souvent et d'émotions toujours, dessine la carte d'une aventure humaine sur terre, une carte d'une telle précision, reproduite avec une telle virtuosité que vous avez le sentiment d'avoir traversé le territoire lui-même, et peut-être même la terre entière. C'est proprement grandiose.

Julius-Grakus
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le 23 déc. 2021

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