Toi qui manges de la viande, lis donc ce livre.

Manger est un acte très personnel, ressenti différemment par tous. Il est difficile de parler de nourriture sans toucher à nos valeurs, et sans s'attirer les foudres de beaucoup de monde, qui se sentent menacés dans leur quotidien. Foer a pris le parti de mêler journalisme et littérature, et c'était probablement le meilleur choix pour un livre sur ce sujet.

Cela ne m'a paru en rien nuire à la qualité de son travail (puisque sa recherche a été faite (et même approfondie, apparemment), qu'elle sert de base à tout le reste, qui vient se reposer sur sa structure. Les anecdotes familiales, les questions philosophiques... tout ça ne sort pas de nulle part, tout s'insère dans une grande question : quel est notre rapport avec la viande que nous mangeons ?

Évidemment, il ne nous épargne rien : anecdotes d'abattoir qui font froid dans le dos, chiffres qu'il faut relire 3 fois pour y croire, futur probable si on continue à ce train-là, maladies (!!!) véhiculées par la viande, et ingurgitées par nous, souffrance animale, etc.
Il ne nous épargne rien, et tant mieux. Ce serait trop facile de s'asseoir sur l'éthique sous prétexte que c'est trop dur, et de continuer à consommer comme des dingues.

J'ai trouvé particulièrement bonne sa division en chapitres distincts abordant le problème sous un angle différent : anecdotes personnelles, glossaire du monde de l'élevage d'animaux, témoignages de gens du secteur, histoire de l'élevage... Il y en a pour tous les gouts et les styles de lecture, et ça évite la monotonie probable de se farcir un pavé de 300 pages rempli de chiffres et d'études.

Foer n'est pas un gourou, il a ici le mérite de nous ouvrir les yeux, mais en termes de solutions pratiques, on reste un peu sur sa faim. Ceci dit, il est sûr qu'avec toutes les pistes qu'il a lancées, il y a de quoi approfondir, réfléchir et surtout, changer.