Que feriez-vous si l'on vous annonçait que la chute de la civilisation était inéluctable d'ici 500 ans ?
Certes, on aura déjà un bol monumental si on survit au siècle en cours. Mais c'est bien autour de cette question que s'articule l'ouvrage Fondation, d'Isaac Asimov.
Le nom d'Isaac Asimov est surtout connu du grand public pour son Cycle des Robots, initié avec I, Robot (ou en français Les Robots), dans lequel on trouve notamment les fameuses lois de la robotique. Avec Fondation, Asimov pousse l'anticipation au-delà de l'imaginable en spéculant sur les ce que sera l'humanité dans plus de 10 000 ans. Comme tout bon roman de science-fiction, Fondation nous séduit par ce qu'il nous montre du futur, mais il devient fascinant par ce qu'il révèle de notre Histoire.
Ainsi, la chute de Trantor nous fait bien sûr penser à la chute de l'Empire Romain ; le scientifique, Hari Seldon, envoyé en exil par un jury inquisiteur pour avoir défendu sa prophétie apocalyptique nous rappelle notamment la condamnation de Galilée pour avoir osé prétendre que la Terre tournait autour du Soleil, et non l'inverse ; la création de l'Encyclopaedia Galactica, elle nous remémore la rédaction de l'Encyclopédie de Diderot. Cela sous-entendrait-il que la civilisation répond à des cycles ?
Tel un psychohistorien, Asimov a à peu près imaginé tout ce qui pourrait empêcher la mise en œuvre d'un projet aussi ambitieux que la Fondation.
Fondation, c'est notre civilisation non pas sous microscope, mais sous télescope. Une fresque d'une richesse et d'une intelligence étourdissante où la géopolitique se pense au niveau galactique. Si l'ampleur de l'ouvrage vous fait peur, rassurez-vous : Fondation, le roman original, paru en 1951, est très facile d'accès et peut-être lu séparément de ses suites. Il se découpe en cinq parties bien distinctes se déroulant de l'An −1 à l'An 155 de l’Ère de la Fondation. Outre les raisons induites par le récit lui-même, ce découpage trahit les véritables origines du bouquin : Fondation est en réalité composé de cinq nouvelles, dont les 4 premières avaient déjà été publiées séparément de 1942 à 1945. On se retrouve donc face à une narration assez similaire à celle de 2001 : L'Odyssée de l'Espace, dans le sens où nous faisons constamment des bons dans le
temps. Ce procédé nous empêche de nous attacher aux personnages que nous rencontrons, si ce n'est le prophète du premier chapitre, Hari Seldon, dont l'hologramme se manifeste à chaque nouvelle crise rencontrée par l'humanité. Mais à l'instar du space opera ultime de Kubrick et Clarke, le personnage principal de Fondation n'est autre que l'espèce humaine. Une espèce qui découvrira qu'à chacune de ses actions, elle pourra anticiper ou repousser sa chute, mais que celle-ci est malheureusement immuable... ou pas !
Et pour le savoir, il vous faudra découvrir les autres ouvrages du cycle à commencer par les deux suites directes de Fondation, intitulées respectivement :
• Fondation et Empire (publié en 1952),
• Seconde Fondation (publié en 1953),
tous deux également composés de nouvelles publiées séparément auparavant. Les trois romans (ou recueils, si vous préférez) représentent la trilogie fondamentale de cet univers.
Mais ce n'est pas tout, Asimov poursuivit son cycle trente ans plus tard avec :
• Fondation foudroyée (1982),
• Terre et Fondation (1986),
tous deux pensés initialement comme des romans.
Enfin, dans sa lancée, il écrivit deux prequels intitulés explicitement :
• Prélude à Fondation (1988),
• L'Aube de Fondation (1993) publié à titre posthume.