La Québécoise Perrine Leblanc s'est déjà forgée une belle réputation dans sa Belle Province avec ses deux premiers romans tandis que, dans le même temps, son talent est passé relativement inaperçu en France. Gens du Nord changera t-il la donne ? Rien n'est moins sûr. Le titre du livre n'indique pas d'emblée que l'action se déroule à Belfast, en 1991 et que la relation avec le pays natal de l'écrivaine n'est qu'indirecte puisque l'une des protagonistes vient de Montréal. Ajoutons que l'Irlande tient à cœur à Perrine Leblanc dont une branche de la famille en est issue avant son émigration. La romancière, avec ses deux personnages principaux, journalistes, glisse son intrigue dans les entrelacs d'une guerre où les masques sont nombreux, la violence sourde et les paroles rares. Il y a une sorte de flou pas désagréable dans Gens du Nord et une manière subtile de raconter une histoire d'espionnage dans ses pleins et ses déliés. C'est à la fois un roman noir et un récit documenté sur la situation en Ulster au début des années 90 et même encore une réflexion sur la psychologie de ces reporters qui évoluent avec aisance dans un environnement seulement déchiffrable pour les initiés, au risque d'y perdre la vie. Un roman fascinant mais qui semble parfois trop jouer sur les non-dits, un manque compensé par un humour discret et un romantisme implicite. Il est facile de comprendre, en lisant Gens du Nord, que les Québécois chérissent cette auteure singulière dont le style en apparence léger et la construction narrative déroutent et charment en même temps.

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le 28 févr. 2022

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