Ce roman est comme un soufflet sorti trop vite du four
L'univers et la description que l'auteur nous donne de Globalia est plutôt complète, bien pensée, bien ficelée, cohérente, malgré tout, il semblerait que tout cela soit inutile. Cette société qui semble avoir été l'objet d'une certaine réflexion de la part de l'auteur, qui donne l'impression d'avoir été travaillée, tombe un peu à plat lorsqu'on voit ce que l'auteur en a fait.
L'histoire romanesque qui s'inscrit dans cet univers est tout simplement décevante. Ca commence pourtant bien. Durant les cent premières pages, on voit une intrigue, une conspiration même, se mettre en place. Puis rien. Tout ce qu'on attend d'avoir, toutes ces choses intéressantes qu'on suppose voir arriver ne viennent finalement jamais. Tout tombe toujours à plat. Quand on finit le livre, on reste quand même sacrément sur sa fin, on a cette désagréable sensation que rien ne s'est déroulé, car finalement oui, pas grand chose ne se passe. On pourrait vraiment résumer l'histoire en à peine 10 lignes. Quand arrive la dernière page, on ne peut que se demander : "C'est tout ? Tout ça pour ça ?". L'affrontement épique qui se profilait à l'horizon, ce choc entre celui qui s'avère être le "méchant" de l'histoire et le héros (qui perd pas mal de son charisme tout au long de l'histoire) n'aura finalement jamais lieu.
L'auteur semble toujours nous proposer un chemin, l'air de dire "C'est par là qu'on va" et au final on dévie toujours vers autre chose, c'est terriblement chiant. Par exemple, celui qui est à l'origine de toutes les mésaventures des personnages du roman, dès le début on nous le présente comme tel. C'est lui le fauteur de trouble. Alors on se dit que malgré tout c'est trop facile, qu'il va y avoir un renversement final, qu'il va avoir des intentions autres que ce qui est présenté. Bein non. On nous dit qu'il veut faire ça, il le fait, platement. C'est pas franchement transcendant.
Le livre est trop long. Il fait 500 pages mais prend trop son temps. On est toujours dans l'attente qu'il se passe quelque chose et au final comme rien n'arrive jamais, ou presque, on est toujours dans la projection de ce qui vient après. Tel ou tel personnage prévoit de faire ça, ça et ça, c'est super, ça va envoyer de l'action, puis en fait non, tout ce qu'ils font n'aboutit jamais à rien.
Une des qualités du livre c'est qu'il met en avant, dans la construction de cette société, le pourquoi d'un tel monde. Dans Nous Autres ou même dans 1984 ou Le Meilleur des mondes, le pourquoi ne trouve que difficilement une réponse. Là le roman ne se contente pas de montrer les rouages de cette démocratie, il nous indique aussi sa raison d'être, et ça c'est cool.
Donc un univers qui avait du potentiel mais dont l'histoire insérée en son sein n'est pas à la hauteur.