Roman pseudo-historique qui prend le parti de nous relater la seconde guerre punique (celle initiée par Hannibal), par les yeux de sa femme, Himilce.
Cette dernière est envoyée par son mari à Carthage, pour la mettre à l'abri. Elle découvre alors la plus grande ville d'Afrique, ainsi que sa belle-famille, dirigée par la terrible matriarche de la famille Barca. Elle va découvrir le fardeau que représente le fait d'être la femme du dépositaire des espoirs de la famille Barca et d'une partie de la cité de Carthage et le rôle qu'elle doit occuper dans le jeu politique de la cité punique.
Là où le roman est intéressant, même s'il n'échappe pas à quelques écueils, c'est dans le point de vue de sa narratrice qui refuse de se plier à ce rôle d'épouse exemplaire qu'on lui impose et cherche à vivre sa vie comme elle l'entend. La guerre contre Rome et l'épopée d'Hannibal deviennent rapidement des éléments d'arrière-plan lointains.
La ville de Carthage quant à elle, est très bien incarnée dans le roman, très vraisemblable dans la description qui en est faite (ce qui est déjà fort compte-tenu du peu que nous en connaissons) et l'effet de "réel" est là.
Le personnage d'Himilce sert de prétexte à Emmanuel Chastellière pour parler de LA Femme, en faisant une figure moderne, confrontée à bien des problématiques (encore) actuelles.
le roman souffre toutefois d'un petit coup de mou en son milieu, lorsque Himilce quitte Carthage pour rejoindre les terres des Barca dans l'arrière-pays. C'est là que son personnage finit sa mue et s'accomplit dans sa vie de femme, mais paradoxalement, c'est le moment de creux du récit. trop d'éléments de l'intrigue sont laissés en suspend, ce qui m'a frustré dans ma lecture.
le retour à Carthage marquera la dernière étape de l'émancipation d'Himilce et le final du récit.
Résultat : un roman plaisant, dépaysant (c'est pas si souvent qu'on croise Carthage dans les romans), et qui sous ses dehors antiquisants, parle aussi de notre époque. Pas révolutionnaire donc, mais sympatoche.