Janvier noir
7.1
Janvier noir

livre de Alan Parks (2017)

C’est en trainant chez mon libraire que j’ai entendu parler d’Alan Parks pour la première fois, au travers d’un échange entre un jeune vendeur et sa cliente, apparemment en quête de lectures troubles. « Si vous aimez les sensations fortes, voici Janvier Noir. C’est le premier des deux romans d’Alan Parks, dans lesquels il raconte sa ville de Glasgow. Mais je vous préviens, c’est assez dur. » Rien de tel pour fixer mon attention et passer dans le dos du libraire une fois le livre reposé sur sa pile. Je sortais à peine d’un long trip hardcore avec la trilogie des ombres de Ghislain Gilberti et je cherchais justement quelque chose, sinon à sa démesure, au moins susceptible de me maintenir perché un minimum. Alan Parks serait donc mon nouveau dealer. Pourvu que le libraire dise vrai... Nous voilà donc à Glasgow dans les années 70, à traîner dans une ville écrasée par l’hiver, mal en point, décatie. La pluie, la neige et le verglas rendent les rues impraticables mais les pubs sont bien là, nombreux dans le paysage urbain. C’est ici qu’Alan Parks a élu domicile, avec ses personnages; flics, gangsters, aristos dégénérés, hommes d’église pervers, avocats et journalistes, SDF et paumés. Tous partent plus ou moins en vrille, à un moment où à un autre. Par goût, par nécessité, par dépit. La BO est bien celle de l’époque, avec les Stones en fond sonore. Evidemment, le Glasgow d’Alan Parks pue la dope, la weed, le speed, l’héro, l’alcool et tous ici en profitent largement. C’est aussi le Glasgow des bordels et des putains planquées derrière d’honnêtes façades victoriennes. Quelques adresses discrètes fréquentées par autant de petites frappes que de messieurs de la haute.
C’est le Glasgow de ceux qui défendent leur réputation et leur territoire au couteau, à coups de batte où à mains nues. Alan Parks a su prendre le temps qu’il fallait pour raconter cette ville-là, bien lui tanner le cuir et botter le cul de ses flics. Il a su créer leurs légendes pleines de failles. Il les a embourbés jusqu’au cou dans la mélasse des intrigues aux côtés de voyous prolos qui ont fait le choix de la magouille, des trafics et de la taule, plutôt que celui des trois 8 à l’usine. Avec férocité et affection, Alan Parks installe tout ce petit monde dans le foutoir d’une ville à l’âme rugueuse et délabrée mais à la fierté toujours intacte.
Écrits comme des classiques, ces deux polars se dégustent comme des grands crus.

Jean_Fabien
9
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le 9 sept. 2021

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Jean Fabien

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