Je m’appelle Asher Lev, ou le parcours d’un garçon de la communauté juive hassidique de Brooklyn qui reçoit du Ribbono Shel Olom, autrement dit Dieu, le don précieux de savoir dessiner avec facilité et inspiration. Malheureusement l’art et la religion lorsqu’ils sont exercés sans concession, sont incompatibles. Petit, Asher n’a pas réellement conscience de son talent subversif, et ensuite quand il grandit, celui-ci s’impose à lui sans qu’il ne puisse rien faire d'autre que de s'y adonner sans limite. Le jeune artiste sera au bout du compte soutenu, et parfois même encouragé, par son entourage, son père excepté. Cet aspect de l’histoire m’a indéniablement séduit car quand l'amour et/ou la bienveillance sont présents, tout devient possible. En tout cas jusqu’à un certain point ... A contrario, Asher Lev paraît finalement davantage subir son chemin que de le choisir. Ce sont les autres, les religieux et les artistes, qui décideront en tout pour lui comme s’il n’avait aucun choix à faire, comme si son génie artistique le dédouanait de tout. L’asservissement à l’art et l’idée qu’il est impossible d'échapper à son génie, est un des sujets principaux du roman. Asher a, lui, un défi supplémentaire par rapport aux autres artistes : s'affranchir d'une culture exigeante, à défaut de sa foi, et du regard écrasant de ses parents.
L’écriture est remarquable. Chaïm Potok parvient, avec un sens du rythme et sans inclure pathos ni drames excessifs, à parfaitement faire ressentir au lecteur l’état d’esprit d’Asher Lev alors que celui-ci paraît souvent stoïque et inaccessible en apparence (combien de fois lit-on « Je ne dis rien » ?). Pour le reste, c’est un roman enrichissant qui nous permet de découvrir de l’intérieur une minorité religieuse assez fermée, par réflexe de protection de sa foi et de ses traditions et désir de reconstruction en ces années d’après-guerre.
Un beau roman initiatique.

Sorel
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le 2 août 2016

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