« Jours de colère » est un livre que j’ai récupéré un jour dans un carton de médiathèque ; depuis je ne l’avais pas ouvert, jusqu’à ces derniers jours. Quelle surprise ! Quelle écriture ! Quatrième de couverture : « Dans les forêts du Morvan, loin du monde, vivent bûcherons, flotteurs de bois, bouviers, des hommes que les forêts ont faits à leur image, à leur puissance, à leur solitude, à leur dureté. Même l'amour, en eux, prend des accents de colère - c'est ainsi par excès d'amour que Corvol, le riche propriétaire, a égorgé sa belle et sensuelle épouse, Catherine, au bord de l'eau - et la folie rôde : douce, chez Edmée Verselay qui vit dans l'adoration de la Vierge Marie ; ou sous l'espèce d'une faim insatiable, chez Reinette-la-Grasse ; ou d'une extrême violence, chez Ambroise Mauperthuis qui se prend de passion pour Catherine, qu'il n'a vue que morte, et qui s'empare de son corps, puis des biens de Corvol, enfin des enfants de Corvol. Il finira par perdre sa petite-fille Camille, le seul être qu'il ait jamais aimé, par excès d'amour, encore. »


Pour qui connaît les forêts magnifiques du Morvan, il y retrouvera l’ambiance à la fois mystérieuse et inquiétante de ces sous-bois. Comme il y retrouvera la magie de l’eau et des sauts de la Cure qui sonorisent la forêt agréablement les jours d’été. En France, il est difficile de faire vivre le roman régionaliste, ne vaut que ce qui se passe à Paris, ou arrive à des parisiens… Mais la France n’est pas Paris, et là, dans ce Morvan historique (sûrement avant la première guerre), le jeu âpre des sentiments mêlés à un terroir dur et exigeant vous emporte rapidement, surtout avec cette écriture complexe et narrative (donc fluide). On plonge dans cet univers parcouru de religion primitive, de passion dévorante, de secrets inavouables, de vengeance éternelle et le tumulte de tout cela emporte le lecteur dans la pénombre des soirs d’hiver, ou dans la passion dévorante des corps qui s’aime au contact de cette nature éternelle. On sait que né d’un drame, ce récit ne finira que par un autre drame, encore plus violent. Et on n’est pas déçu !
Je ne connaissais pas Sylvie Germain, mais je vais lire d’autres romans de cette auteure qui m’a étonné par sa maîtrise du récit et du suspense.

Kerven
8
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le 28 déc. 2015

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