Un lecteur est toujours confronté à des livres qui sont des surprises , qui vous laissent dans une tristesse réelle quand la fin arrive ...
Tesich nous propose ici une oeuvre inclassable , qui reste un mystère après trois lectures ....
Les personnages sont construits à la perfection , ouvrant la porte à l'imagination du lecteur pour avoir une image à l'esprit représentant ces personnages ...
Karoo est une création digne de Woody Allen , c'est un type qui est construit comme le salaud le plus sordide qui puisse exister , qui aime se détruire et voir le spectacle de sa déchéance dans le regard des autres ....
Karoo est tellement réaliste que l'on peut se demander si Il n'y a pas chez lui , une sorte de transfert de l'auteur , est ce que Tesich n'a pas cree un autre lui de fiction ??
Quand l'on se rappelle que Tesich etait scénariste , l'on ne peut que se demander si son vécu n'a pas inspiré le personnage de Karoo , si Il n'a pas repris dans ces lignes une partie de sa vie ...
Pourquoi cette interrogation ?
Parce que cette oeuvre est d'un réalisme saisissant ....
Les personnages dans leur intégralité apparaissent comme des transpositions d'êtres réels , que Tesich décrit ici avec une maîtrise rare ...
Quel talent d'écriture chez Tesich ...
Il y a ici des passages qui vous donnent le frisson tellement le niveau est haut , tellement Tesich nous invite à suivre ces etres qui au fond sont tous et toutes en perdition....
Le passage du SDF est tout simplement sublime ...
Tesich embarque le lecteur dans un premier temps dans une sorte de comédie dramatique , vrâiment inspiré par le style de Woody Allen.
On ne peut s'empêcher de rire durant cette partie , le passage chez le médecin est à pleurer de rire ...
Et d'un coup , sans prévenir , avec un brio qui laisse pantois , Tesich nous bascule dans une histoire bîen plus sérieuse , grave , qui génère une tension qui monte crescendo sur la fin du parcours ...
La dernière partie est l'une des plus belles que j'ai lu de ma vie ...
Tesich fâit preuve sur ce passage d'une maîtrise , d'une puissance , d'une profondeur qui laisse le lecteur exsangue et repu ....
Quand une oeuvre est remarquable , on trouve les défauts , ici selon moi Il n'y en a qu'un , c'est la phrase redondante " J'allume une cigarette " ....
C'est très peu , et cela n'entache en rien le plaisir intense , la jubilation éprouvée devant cette oeuvre puissante , folle et que l'on quitte à regrets ....