Je vois qu’il y a de bonnes critiques déjà présentes sur le livre - à raisons - alors je vais aller à l’essentiel.
Tout d’abord ce livre de 2014 n’a pas vieilli en 2022. En effet c’est surtout un essai pragmatique sur la façon d’aborder le mythe du High-Tech. Il y a l’essentiel des chiffres et quand il y en a, ils ne changent pas. Pour être à la page il suffit rajouter les chiffres que nous connaissons déjà : ralentissement avéré des rendements énergétiques, crise du covid, crise de l’Ukraine. 10 ans s’est écoulé, on peut dire que le temps lui donne raison.
Le principal intérêt de cet ouvrage, est de brasser large, les façons de s’adapter à la raréfaction inévitable des ressources planétaires : la fin de « l’abondance », comme dirait notre bon président. Bihouix nous partage, avec un regard d’ingénieur lucide, des proposition politiques et sociales pertinentes, au vu des contraintes actuelles.
Stock de matières, transport, démographie, divertissement, industrie, numérique : un grand lot de sujets sont abordés avec quelque fois des redites mais qui ne gênent pas tant que cela.
Alors personnellement quand j’ai commencé le livre je m’attendais à un déballage d’exemples, d’outils, d’objets considérés comme Low-Tech utilisés dans le monde, ou en développement, il n’en est rien.
Mise à part le vélo et à l’éloge de la réparabilité, Bihouix s’attarde plutôt sur des pistes d’organisations, d’optimisations sur nos interactions sociétales. Il insiste aussi sur quelques aspects néfastes du capitalisme, évoqués par d’autres théoriciens avant lui. C’est en ce sens que l’on retrouve une approche plutôt philosophique. Bihouix souhaite effectivement vulgariser le sujet et préparer les esprits, aux changements à venir plutôt que lister des solutions interminables et finalement toujours incomplètes face à la l’interdépendance de nos systèmes.
Avec ce livre, on remarque une fois de plus qu’il sera impossible de se passer d’un état stratège et souverain. Les solutions évoqués sont en effet la résultante d’une réelle volonté politique et citoyenne. Bihouix ne nous sermonne pas dessus, mais il est à la charge du lecteur d’en tirer des conclusions sur notre souveraineté.
Pour finir, j’ai bien aimé les remarques sur notre rapport à la vieillesse, sur la compétition sexuelle, engendré par la facilité des transports mais aussi l’accès à la culture mondialiste qui nous pousse à moins créer individuellement. L’auteur m’a aussi beaucoup fait rire sur ses idées (farfelues ?) qui me plaisent particulièrement. L’exemple de la semaine de travail à vélo est un vrai parti pris. Je n’en dis pas plus il faut lire le livre de toute façon, il fait moins de 200 pages et il y a des chutes bien trouvées !
C’est donc selon moi un ouvrage à mettre entre les mains des néophytes du réel, car il est plus souhaitable de participer au changement, que de le subir.