Une écriture sans saveur pour un roman à lire à la plage

J'en attendais beaucoup de ce livre, mon premier de l'auteur. Le moins que l'on puisse dire c'est que je suis profondément déçu.

Ce qui m'a d'abord frappé, c'est le style inexistant du bouquin. Je veux bien comprendre qu'un polar n'a pas forcément la vocation poétique d'un autre genre, mais si je peux comparer à un autre auteur, du style James Ellroy, on est bien loin de sa verve et de sa maîtrise du langage.

Alors oui, l'auteur a bien travaillé ses références et se régale à nous immerger dans une ambiance style "Les Experts", en nous détaillant les techniques, les façons d'enquêter, etc. Passons le fait que visiblement, il s'est gourré sur quelques points (notamment le nommage de certains médicaments, etc, si j'en crois différentes sources). Mais encore, ce n'est qu'accessoire, je n'ai toute façon pas les connaissances pour être choqué de ce qui manque ici et là. Mais à part ce côté "encyclopédie vulgarisatrice", ma foi sympathique, on est en face d'un récit vide plutôt pauvrement écrit.

Si le récit fonctionne un petit peu, c'est par la maîtrise du cliffhanger de Chattam, qui nous renvoie aux récits pulps les plus ostentatoires. On est effectivement dans un vrai "page turner", mais peut-être un peu trop. Certains retournements de situation sont clairement tirés par les cheveux.

Le personnage principal s'approche plus du Gary Sue que d'un personnage attachant. Son plus gros défaut au début du livre, c'est de jouer à Resident Evil 3 le soir quand il rentre du travail. Et l'auteur appuie bien dessus, en mode "olala quel vice, il ne peut pas s'en empêcher". Le type enquête sur des meurtres toute la journée, les trois quarts des gens qui font ce métier finissent alcooliques ou en tout cas, le vivent bien plus mal que ça. Ce gars est un ange, s'il lui suffit de jouer à Resident Evil pour lâcher la pression de ce métier. Mais bon, pourquoi pas.

D'ailleurs toutes les péripéties qui empêche notre Gary de tout péter, sont souvent provoqués par d'autres qui agissent bêtement ou le ralentissent. On en est à un point où quand il dit quelque chose avec assurance, on sait que c'est vrai. C'est rapidement fatigant.

Les dialogues font très artificiels, ou en tout cas ne correspondent pas aux profils des personnages (bordel les dialogues entre Juliette et Camélia, en-dehors des blagues, personne ne se parle comme ça). Les descriptions hors des scènes de meurtre sont quasiment inexistantes, les dialogues intérieurs sont du niveau d'un téléfilm TF1, la tension amoureuse également. C'est d'un plat et d'un convenu...

Alors oui la fin est inattendue et donne enfin un peu de corps au personnage principal, mais encore une fois, c'est fait d'une façon vulgaire. Il était possible de donner du fond à notre ami Brolin avant même d'aller vers cette fin.

Bref, c'est très clairement un polar dans la moyenne basse pour moi. Il fait l'affaire pour passer un petit moment et pour se renseigner sur les techniques de forensic de l'époque, mais pas plus.