L'arbre qui donna le bois dont on fit Pinocchio par Brice B

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Quel adulte n’a pas grandi bercé par les contes, terrifié par leur morale, rêvant d’un monde aussi magique qu’enchanteur comme seules les histoires pour enfants savent nous en faire imaginer ? Difficile d’avoir échappé aux aventures truculentes de Pinocchio, l’histoire d’un petit pantin de bois né en Toscane en 1881 sous la plume de Carlo Collodi et du savoir-faire du menuisier Geppetto, dont le nez s’allonge à chaque mensonge…


C’est à Bernard Lehut, dont j’écoute religieusement la chronique Les livres ont la parole sur RTL, que je dois d’avoir découvert ce titre (et tant d’autres), passé inaperçu dans cette irrépressible coulée de magma qu’est l’industrie de l’édition, lors d’un entretien avec son auteur qui m’était tout autant inconnu, mais au cours duquel la douce musicalité du titre et l’histoire racontée par son auteur m’ont donné l’envie d’aller à la rencontre de ce petit livre chez mon libraire.


Il y a de la malice et il y a de la magie, dans cette histoire écrite comme un conte moderne, où le petit Giacomo parti en Italie chercher l’arbre magique dont le bois servi à faire le célèbre Pinocchio, écrit à ses parents restés dans leur usine de jouets en bois du Jura, ses aventures extraordinaires lors de sa quête insolite : « je me raconte un tas d’histoires, mais c’est comme ça qu’on vit » . Dans ce petit village italien de Collodi, l’heure est à la fête pour la grande célébration annuelle de Pinocchio, et c’est auprès de Valdinievole, un impénétrable menuisier, que l’enfant mènera ses recherches afin de retrouver ce bois magique qui lui permettrait de sauver l’usine de sa famille.


Le roman se dévore comme une gourmandise, l’écriture est ronde, lumineuse, facétieuse, et réussi à s’encrer dans le réel avec des problématiques transversales comme la filiation et très contemporaines comme celle de la survie d’un savoir-faire ancestral face à une industrialisation normée, tout en laissant la part belle à l’évasion, à la rêverie, à l’imaginaire enfantin que nous n’avons pas perdu. C’est un petit conte sensible et chaleureux, bercé par une langue italienne à propos de laquelle Giacomo dira « j’avais la bouche effervescente, pleine de sons colorés, l’impression de mâcher l’huile et le raisin en parlant avec elle » . Magnifique.

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le 1 juin 2016

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Brice B

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