Dans l’anxiété de vivre j’ai laissé filer mon esprit trop vite

Modesta naît le 1er janvier 1900 en Sicile, au sein d’une famille miséreuse et toxique. Elle raconte son ascension sociale fulgurante, de jeune fille pauvre à femme libre, indépendante, jusqu’à la Princesse qu’elle deviendra par ses propres moyens. Entre récit initiatique et pamphlet féministe et anti-fasciste (et bien d’autres choses encore), “L’art de la joie” est un livre qui m’a profondément marquée et inspirée. J’espère pouvoir vous insuffler au mieux cet enthousiasme dans ma chronique.


L’Art de la joie parle d’une famille socialiste évoluant au cœur d’une Italie ravagée par le fascisme. On suit cette famille sur 4 générations, qui gravitent autour de la narratrice et héroïne du roman, Modesta, dite Mody. Véritable force de la nature, Modesta est la femme que nous rêverions tous d’être. Forte et indépendante, elle ne se soumet à aucune loi qui aille à l’encontre de ses principes. Pragmatique et ambitieuse, elle n’hésite pas à tuer et détruire pour arriver à ses fins. Dit comme ça, ça n’a pas l’air d’être un exemple à suivre, mais j’ai été prise d’une immense admiration pour cette mère, amie, amante – mais jamais épouse – à qui rien ni personne ne résiste.


Pendant 800 pages, on est totalement transportés par l’écriture prodigieuse de Goliarda. Les ellipses au milieu d’une phrase ou d’un chapitre dynamisent la narration, le récit se transforme en pièce de théâtre empli de dialogues passionnants et de didascalies. Et puis surtout, on voit grandir une famille courageuse, élevée selon les principes de Modesta. La femme que tout le monde adule et suit les yeux fermés. Celle pour qui tous les hommes se battent, que toutes les femmes jalousent et que tous les enfants admirent.


Tout n’est que poésie et amour dans l’Art de la joie. Décors, protagonistes, écriture, chaque composante du roman s’imbrique délicieusement bien dans les souvenirs de Modesta. Ne vous méprenez pas, ce n’est pas qu’une histoire de joie. Le roman dépeint les horreurs du fascisme et l’impétuosité de la révolution, s’inspire de toutes les générations pour mettre en lumière les problèmes sociétaux de l’Italie du XXème siècle. Une époque peu avantageuse pour la femme et les libertés individuelles, que les personnages du roman n’auront de cesse de combattre.


“Dans l’anxiété de vivre j’ai laissé filer mon esprit trop vite”. L’Art de la joie, c’est avant tout l’histoire de la vie humaine, de ses amours, conflits, jalousies et déceptions. Et puis c’est tellement d’autres choses que toutes les chroniques du monde ne sauraient décrire. Alors filez en librairie acheter votre exemplaire !


Retrouvez toutes mes chroniques sur mon site internet et compte instagram :

https://www.instagram.com/elolit.books/

https://elolitbooks.com/



ElodieAngiolini
8
Écrit par

Créée

le 22 juin 2022

Critique lue 5 fois

Critique lue 5 fois

D'autres avis sur L'Art de la joie

L'Art de la joie
Eggdoll
8

Un roman solaire

L'Art de la joie, ou la lecture parfaite de confinement : huit cents pages de lumière pour éclairer un peu ces temps pénibles. Solaire, ce roman l'est dès ses premières lignes, dès ce premier...

le 7 avr. 2020

7 j'aime

L'Art de la joie
Minouette
10

Un livre qui se porte

L'histoire de Modesta est simple et limpide comme peut l'être la liberté. Son histoire est pourtant mouvementée, compliquée, controversée et revêt décidément de nombreuses et obscures facettes. Rien...

le 10 mars 2015

7 j'aime

1

L'Art de la joie
Kwanita
10

L'art de la joie, un livre-sourire

Une révélation! Dévoré en quelques jours. Une soif de lire inétanchable, la nécessité absolue de se plonger avec Modesta dans l'amour de la vie. Art de la joie, art des mots, art d'être libre de...

le 5 mars 2013

7 j'aime

2

Du même critique

Enfant de salaud
ElodieAngiolini
6

"Mon père, le premier de mes traîtres"

1987, Lyon. 40 ans après l'holocauste débute le procès de Klaus Barbie. Sorj Chalandon couvre l’événement pour Libération et reçoit le prix Albert Londres pour son travail. 30 ans plus tard, il...

le 28 oct. 2021

2 j'aime

1

Chems
ElodieAngiolini
7

Chemsex, la quintessence de la partouze

Chemsex. Contraction de chemical sex, ces marathons sexuels sous stupéfiants sont considérés comme le “fléau des pédés”. Le principe ? pimenter les partouzes en utilisant des substances psychoactives...

le 5 mars 2021

2 j'aime

Pas dormir
ElodieAngiolini
7

Tout est préférable à cet éveil permanent, à cette absence criminelle de l’oubli

Marie ne dort pas. Elle a tout essayé : la méditation, les tisanes, l’hypnose, le sport, l’alcool, les somnifères… Mais rien n’y fait, le sommeil a quitté Marie. Entre récit autobiographique et essai...

le 15 nov. 2021

1 j'aime