Mon fils devait lire ce livre en seconde, aussi ai-je décidé de l'accompagner dans sa lecture, pour l'aider dans ce projet.
Ce livre nous permet de comprendre ce qui a changé dans la société en 150 ans : la monnaie bien sûr (les francs et les sous), les véhicules (les fiacres), le vocabulaire (des mots, des adjectifs, des noms, des expressions inusités comme sacré matin, la camisole, etc.), un travail ouvrier ingrat, assommant, épuisant, dangereux, mal payé.
Et aussi ce qui n’a pas changé : less ragots et les potins des voisins, de la famille ; la jalousie et l’envie des uns et des autres, la politique qui revient souvent dans les discussions, la peur des ouvriers de perdre leur travail au détriment des machines.
Voilà à part ça, je dois dire que pour moi, la littérature devrait surtout être une opportunité de parler des belles choses, de partager des moments de poésie, de pure beauté, et pourquoi même, de redonner foi en l'humanité.
Ce livre fait tout l'inverse. C'est un roman de plus de 500 pages où pendant des heures vous serez traînés dans la fange de la misère. C'est un livre très sombre, sans espoir. Bien sûr, on comprend que Zola ait voulu dépeindre les faubourgs crasseux, pour reprendre son expression, et la triste condition humaine dans ces milieux. Mais là c'est vraiment trop. Et dire que ce livre n'est qu'un opus parmi les 20 qu'il a composé pour sa saga Rougon-Macquart, ça laisse pantois.
Enfin, j'ai compris à postériori pourquoi Zola se défendait dans la preface du livre de ne pas être un monstre, un ogre sans pitié qui raconte des horreurs. Pour cause, il y a de nombreux moments vraiment gênants (la bataille de chiffonières dans le lavoir; les hommes qui vont se soûler à longueurs de journées, la cruauté des personnages entre le père qui tue sa femme sous les coups puis sa fille) et des passages carrément révoltant (la petite de 10 ans - Nana - était "une merdeuse, qui avait le vice dans les yeux").
Enfin, moi qui suis (trop) habitué à la littérature moderne (des 2/3 dernières décennies), j'ai trouvé aussi que le style littéraire était bien différent d’aujourd’hui, cumulant les scènes à rallonges avec très peu d'actions (le festin est décrit en longueur sans que jamais ça ne semble s'arrêter), étirées en longueur sur des dizaines de pages, avec une multitude de détails dans les descriptions, ce qui rend la lecture plutôt fastidieuse, voire parfois pénible.