Un éclectique mélange des genres qui donne une lecture détonante et audacieuse ...

Intriguée par l’univers de Sire Cédric qui transparaît à travers son personnage, j’avais à cœur de découvrir cet auteur un peu singulier. Aux vues des nombreux admirateurs de l’auteur je ne pouvais faire l’impasse, et ce malgré mon scepticisme à aimer un thriller sur fond de fantastique.

Le roman démarre sur le prologue d’une nouvelle, qu’il avait initialement écrite et publiée il y a quelques années pour l’Artbook « Ombres et Lumières ». Cette nouvelle avait été inspirée par une peinture de Jean-Marc Dauvergne.

Il nous y décrit la naissance de Nathaniel, l’enfant d’un démon. Naemah, un démon féminin fabuleux, d’une beauté éblouissante, l’incarnation du désir. Mère de toutes les égéries, inspiratrice de toutes les inspiratrices.

"Un corps gracile aux hanches généreuses, aux fesses rondes pleines de promesses. Une poitrine qui appelle les baisers et les caresses. Un visage de poupée de porcelaine dont la bouche gourmande semble à elle seule l’incarnation du désir. Naemah qui pour donner naissance à cet enfant s’abandonne aux morts. Sous la terre dans leurs prisons de bois, les êtres allongés ont commencé à frémir … Naemah est revenue pour eux … eux seuls peuvent l’aimer … des membres masculins miraculeusement revenus à la vie glissent en elle … des cadavres de femmes s’immiscent jusqu’à elle et Naemah les étreint elles aussi avec passion … elle ravive cette vie en elles et à l’apex de son plaisir plante ses crocs dans leurs poitrines généreuses, arrache des morceaux de chair morte qu’elle avale en se cambrant de délice."

Un prologue lugubre, cru, insolite, mais prodigieux dans l’écriture, qui nous ouvre les portes d’un thriller diaboliquement original.

Le livre commence 13 ans plus tard … dans la réalité quotidienne d’une ville du sud de la France, Toulouse.

Aurore Dumas, journaliste Au nouveau regard persuadée de tenir un sujet en or, téléphone en pleine nuit à son collègue et ami David Ormeval photographe de presse, en lui demandant de rappliquer en vitesse : un crime particulièrement sordide vient d’avoir lieu.

Raymond Mendez, est apparemment un homme sans histoire. Jusqu’au jour où victime d’hallucinations schizophréniques, il tue sa femme ainsi que ses deux enfants au fusil à pompe avant de retourner l’arme contre lui pour se faire sauter la tête.

Le lendemain, François Mendez un adolescent se croyant poursuivi par des ombres menace de son arme les occupants d’un hôpital et tue Kristel une jeune artiste peintre. Cet adolescent est le neveu de Raymond Mendez qui aurait hérité des mêmes troubles schizophréniques que son oncle.

Le photo-journaliste David Ormeval, qui n’est autre que le compagnon de Kristel décide de découvrir l’origine de cette contagion meurtrière. Il n’y a aucune explication logique à toutes ces morts, il cherche des réponses mais ne se retrouve qu’avec de nouvelles questions … des questions de plus en plus folles.

Le commandant Alexandre Vaubert de la police criminelle, est lui aussi dépassé par les évènements : ce n’était plus une série de coïncidences macabres qu’il avait sur les bras mais un épidémie de suicides ! D’autant plus qu’une légende urbaine vient faire surface : celle de l’enfant des cimetières. Cet enfant cannibale, ce fantôme vengeur : on raconte que ceux qui le voient deviennent fous. Que lorsque le spectre de cet enfant croise votre regard, alors les cauchemars s’emparent de vous jusqu’à vous faire sombrer dans la folie et vous poussent au suicide. Et si cette légende urbaine était vraie ? Si cet enfant existait vraiment ? Une confrontation avec l’inimaginable …

L’inimaginable, voilà vers quoi cette intrigue policière, qui glisse dans le surnaturel puis pénètre la réalité nous embringue.

Sire Cédric réussit la prouesse de nous conter des scènes d’horreur en y apportant des touches de sensualité et de poésie. Une écriture toute en délicatesse pour des scènes parfois d’une violence poussée au paroxysme.

Ses inspirations il les trouve dans des univers très différents : entre autre Stephen King côté auteur, Alan Edgar Poe et Charles Baudelaire côté poésie, David Lynch côté cinéma. Côté style : le gothique et côté musique : le métal.

Cet éclectique mélange des genres, donne une lecture détonante et audacieuse.

Les personnages traditionnels pour certains et totalement atypiques pour d’autres contribuent à l’originalité de ce roman.

Alors thriller gothique ou thriller fantastique, qualifiez-le comme bon vous semble mais laissez vos sentiments se déchaîner ! Envoûtée par ce livre, mon scepticisme a été chassé. Il a suscité chez moi l’envie d’approfondir ma découverte du fantastique pour transformer cet essai.
Carine_Boulay_S
9
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Créée

le 7 mars 2014

Critique lue 332 fois

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