Attention, étron !


Première question que je me suis posé après avoir claqué la dernière page de pamphlet humaniste: à qui s'adresse ce torchon ?
Si tu penses lire une histoire abracadabrantesque, loufoque et pas crédible pour un sou, lance-toi ! C'est même ça qui m'a poussé à lire cette histoire. Mais n'oublies pas que tu devras te taper tout un récital lourdingue sur la pauvreté, la guerre dans le monde (qui n'est pas bien, rappelons-le) et la solidarité entre humanoïdes à côté.


L'histoire de ce fakir n'est qu'un prétexte de l'auteur pour abattre carte "émotion" et nous abreuver de bons sentiments. Désarmé, j'ai tenté de parer les manœuvres de Romain Puertolas à coups de yeux levés au ciel. Mais rien à faire, je continuais ma lecture, m'enfonçant au fil des pages dans la mièvrerie la plus complète.


On sent bien où Romain Puertolas voulait venir au travers d'une entreprise des plus louables: nous sensibiliser à la cause des migrants qui traversent nos frontières, l'Europe et la Méditerranée, nous autres Français égoïstes qui nous voilons la face. Là où il gâche tout son propos, c'est dans la lourdeur de l'explication. C'est à dire que chaque rencontre du fakir sera prétexte à le faire parler "Oh quelle chance j'ai de bien vivre et de ne pas être à la place de ces pauvres soudanais :/", "les voyages vous feront rencontrer des gens extraordinaires et vous feront grandir ;)" ou encore "vous trouverez toujours une main généreuse qui vous aidera :)". J'exagère à peine, c'est quasiment écrit noir sur blanc mais je n'ai pas le temps ni l'envie d'aller retrouver les passages.


J'ai franchement eu l'impression d'avoir été pris pour un gamin à qui l'on expliquait la crise des migrants et le sens de la vie. Mais l'auteur n'apporte absolument rien de neuf par rapport à ce que l'on peut lire ici et là. J'ai presque envie de dire qu'il prend le même ton que les médias pour en parler. Alors non merci. L'art de la subtilité n'est pas accessible à tout le monde. On assiste au final à un hybride de métaphore et d'édito politique assez indigeste.


Et si encore il n'y avait que la lourdeur du propos... Comment l'auteur veut-il être pris au sérieux en utilisant un style littéraire de collégien ainsi qu'un humour au ras-des-pâquerettes pour interpeller le lecteur sur un sujet aussi brûlant que celui de la crise des migrants ? Sans parler des jeux de mots nuls sur les noms des personnages durant 300 pages. Pire, notre fakir change radicalement de ton et de vocabulaire lorsqu'il se met à expliquer son adolescence. Si je me faisais à l'idée que cette histoire s'adressait à des enfants, l'auteur m'a soudainement fait douter lorsqu'il parle soudainement et crûment de fellation, et de viol. Deux publics, deux discours.


Une fois l'histoire du viol passée, notre humaniste d'auteur repart alors de plus belle, finissant sur une magnifique ellipse, son astuce préférée quand il est à court d'imagination. C'est alors que le chauffeur de taxi gitan, sur le point d'égorger notre fakir, se retrouve à lui claquer la bise au mariage.


Bref, c'est mauvais, accusateur et ça prend son lecteur pour un con.

WelshOrson
3
Écrit par

Créée

le 6 févr. 2016

Critique lue 361 fois

Loïc A.

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