Été 2002, Eastlake, petite ville des États-Unis, proche de Cleveland, autour du lac Érié, le corps d'un vieil homme est retrouvé dans son appartement. L'homme s'est vraisemblablement suicidé quelques jours auparavant. L'affaire est vite classée. Mais un enquêteur privé découvre bientôt, à la faveur d'une recherche d'éventuels héritiers que cet homme Joseph Chandler vit depuis vingt-quatre ans sous une fausse identité. Le vrai Joseph Chandler est mort enfant dans un accident de voiture. Dès lors, l'affaire facile prend une autre tournure.
Thibault Raisse est journaliste spécialisé en faits divers et grandes enquêtes criminelles, il a notamment coécrit un article sur l'affaire Xavier Dupont de Ligonnès dans le magazine Society. Il s'empare de l'affaire de Cleveland et restitue avec beaucoup d'intérêt pour le lecteur l'atmosphère des différentes époques, des lieux : Cleveland après une période faste a décliné pour devenir une grande ville un peu oubliée, endormie dans laquelle il ne suffit pas de traverser la route pour trouver un emploi. Sa banlieue, Eastlake en tête n'est pas en reste, et elle est un endroit idéal pour ne pas se faire remarquer, pour vivre une vie tranquille et sans histoire, ce que parvient à faire Joseph Chandler. L'auteur du texte explique qu'aux États-Unis, il est relativement courant et aisé de changer de nom, d'emprunter celui d'un enfant décédé et de recommencer une vie. Mais une erreur, un grain de sable enraye souvent le mécanisme. Pas pour Joseph Chandler, ce qui étonne encore davantage les enquêteurs.
Je ne suis pas forcément amateur de ce qu'on appelle en bon français le true crime, mais j'avoue que ce récit m'a tenu jusqu'au bout. Thibaul Raisse est fort bien documenté et sait retranscrire tout cela de joli manière, de sorte que l'on a très envie de savoir qui était réellement Chandler et les raisons de son changement de nom. Il faut cependant aimer le récit journalistique, qui n'est pas du roman. Personnellement, je trouve que, au moins sur ce titre, c'est bien vu, ça fonctionne très bien et c'est à la portée de tous les lecteurs. Il me semble que les éditions 10/18 ont créé une collection avec ce genre de récits, je ne dis pas non à une autre lecture.