L'Indésirable
6.9
L'Indésirable

livre de Sarah Waters (2009)

Je déteste avoir peur. Je suis une incurable trouillarde, j'ai très souvent peur et je n'aime pas ça. Suffisamment pour me priver d'une séance de cinéma pour ne pas être bloquée dans une salle obscure avec des images qui me mettent mal à l'aise. Du coup, je ne suis pas endurcie à la peur, et une simple musique d'ambiance va me faire dresser les cheveux sur la tête. Étant enfant, je dévorais les romans de Stephen King, mais il faut dire qu'ils m'ont fait beaucoup d'impression et qu'encore aujourd'hui j'ai des flashs, une vague appréhension quand je regarde la bonde de la baignoire, des cauchemars de femmes attachées dans des maisons isolées ... J'ai lu Poe, Gautier, Shelley, ces grands romantiques de l'horreur, mais je n'ai jamais réellement apprécié mes lectures (sauf Gautier, je crois que définitivement j'adore Gautier).

Tout ça pour dire que, de moi-même, je n'aurais JAMAIS pris l'Indésirable sur une table de librairie. Mais c'est un cadeau et ma foi, un cadeau, on le lit, même si on a un mauvais pressentiment. Je suis un peu troublée par ce roman parce qu'il me provoque une sensation que je déteste : je ne sais pas bien dire si j'ai aimé ou pas. J'ai véritablement plongé dans l'histoire, beaucoup apprécié l'écriture qui m'a véritablement chopée par la nuque et emmenée là où elle voulait, mais je n'ai pas aimé la trame en elle-même, le fantôme du vieux manoir... Pourtant ça partait bien : un médecin d'une quarantaine d'années qui, au hasard d'un remplacement, retourne dans le manoir de la région, un endroit où sa propre mère avait été nurse et qu'il avait visité étant enfant. Il se rend compte que le temps a passé, que l'argent a fui, et se prend d'amitié pour les trois derniers membres de la famille. Pour moi, ça aurait pu continuer comme ça, peinture de mœurs anglaises d'après-guerre, mais il a fallu absolument faire entrer du fantastique là-dedans, et refuser l'explication de la folie du fils aîné pour s'enfoncer dans des histoires de plus en plus sombres et incroyables.

Au final je me suis retrouvée avec, à certains passages, l'angoisse d'être seule dans une pièce, et à d'autres la lassitude de ces histoires si éloignées de mes intérêts. Mais à d'autres, toujours, un intérêt passionné parce que je me suis réellement attachée au personnage principal et que j'ai trouvé que l'écriture et le ton donné au roman collaient parfaitement avec mon envie du moment... Une semi-réussite donc, un roman qui ne restera ni dans les annales, ni dans la bibliothèque, mais qui a tout de même été un assez agréable moment de lecture.
Ninaintherain
5
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le 27 mars 2012

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