Le jeune baron Gaston de Nueil rencontre quelques problèmes de santé, il s’exile donc dans la campagne normande. Là il découvre un monde bien de la campagne, des gens simples se croyant hauts. Oh comme je me suis bien retrouvée dans ces détails qui seraient comiques s’ils n’étaient pas tragiques. Car on commence par s’ennuyer.

Semblables à l’eau d’une petite anse, les phrases qui représentent ces idées ont leur flux et reflux quotidien, leur remous perpétuel, exactement pareil : qui en entend aujourd’hui le vide retentissement l’entendra demain, dans un an, toujours.

Et on finit par singulièrement régresser.

Après les légères souffrances de cette transition, s’accomplit pour l’individu le phénomène de sa transplantation dans un terrain qui lui est contraire, où il doit s’atrophier et mener une vie rachitique. En effet, si rien ne le tire de ce monde, il en adopte insensiblement les usages, et se fait à son vide qui le gagne et l’annule.

C’est tout l’intérêt de mon travail actuel, mais n’en disons pas plus et retournons à nos moutons.

Gaston commence à s’habituer à cette vie, quand soudain on lui parle de la Vicomtesse Claire de Beauséant. On la verra dans Le Père Goriot où, ancienne maîtresse du marquis d’Ajuda-Pinto, il a finalement préféré se marier. Comme elle a trahi son mari, elle ne peut pas lui revenir. Elle vit donc en ermite.

Alors il commence à fantasmer sur elle, sans la connaître, sans l’avoir jamais vue, il l’aime déjà.

De même que telle maison s’enorgueillit de ses têtes tranchées, une jolie, une jeune femme devient plus attrayante par la fatale renommée d’un amour heureux ou d’une affreuse trahison. [...] En attirant les regards, nous paraissons grands.

Il finit par arriver à provoquer leur rencontre, et dès lors est vraiment amoureux, et tout timide, c’est chou !

Il serait hardi s’il n’aimait pas tant.

Mais elle n’a pas le droit puisqu’on parle déjà tant sur elle, alors elle part à Genève, où Gaston la suit. Ils peuvent donc vivre leur idylle loin des regards perturbateurs. A Genève oui, la ville où Albert Savarus vit son amour avec sa belle princesse italienne. Le lac Léman est propice au romantisme sans doute.

Ils doivent après trois ans revenir en France, car le jeune homme a réalisé ses espérances. Oui, comme dans Les grandes espérances, je parle de l’héritage, son père et son frère sont morts.

Gaston revoit donc sa mère, qui n’aime pas trop que son fils reste garçon comme ça, vivant dans le péché, alors qu’il pourrait se marier à la jolie Stéphanie, Mademoiselle de la Rodière. Et Claire sent bien qu’une affaire se trame, elle lui dit qu’il peut partir se marier, ou lui revenir comme jamais. L’homme est lâche, il choisit le confort social, et donc le mariage.

La femme vraiment abandonnée.

Elle coupe donc tout lien avec lui, refuse de le voir et même de lire la lettre qu’il lui envoie désespéré. Car oui, il regrette, son épouse est nulle.

Et il se tue.

La morale de cette histoire ? Chacun peut la faire soi-même, je garde surtout le passage satyrique sur la province, extensible à tous les milieux qui végètent en vase clos.
Phae
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le 18 déc. 2013

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