"Peu de science éloigne de Dieu, beaucoup de science en rapproche"

M'attendant à lire un roman distrayant, sans forcément beaucoup de fond, j'ai été très agréablement surprise par ce livre. Invoquant Pascal et son Mémorial, EES raconte des années plus tard, et de façon très simple, sa rencontre avec ce qu'il qualifiera de Dieu.

Le sujet est délicat et EES le traite avec brio. Il réussit l'exploit d'à la fois exposer les arguments en faveur de l'existence de Dieu, et de les réfuter avec clarté, concision, et surtout, sans mépris pour une thèse ou une autre . Certes, cela passe par une franche vulgarisation, et son personnage fuit souvent les débats avec ses compères scientifiques ou croyants pour garder la légèreté du récit, mais finalement, l'essentiel est dit.
La seconde intelligence d'EES réside dans sa capacité à avoir crée un roman presque d'idées, qui ne cherche cependant pas à convaincre, l'expérience de l'auteur est livrée avec une infinie modestie, toute en nuance, toute en retenue. Il cherche à nous ouvrir des portes plutôt qu'à nous imposer son chemin, bien sûr l'auteur nous propose différentes voies, celles de ses personnages, mais chacune est dépeinte comme sensée, aucune n'est dénigrée. Ainsi de la même façon que Pascal, EES semble davantage vouloir poser par écrit sa théophanie plutôt qu'en mutualiser son mysticisme. La "nuit de feu" est d'ailleurs racontée avec un certain détachement, il ne s'appesantit pas vraiment dessus, elle ne représente que 5 pages du livre. Ce qui semble compter, finalement, sont les leçons que l'auteur en tire, sa remise en question générale.
Tout au long du roman, sont soulevées des questions intéressantes : pourquoi est-ce acceptable pour un homme du désert d'être musulman, et méprisable pour une européenne d'être chrétienne ? Pourquoi nos sociétés modernes érigent-elles la foi en concept archaïque quand l'athéisme ou l'agnosticisme seraient une preuve de modernité ? La science est-elle toujours si fiable ? Toutes ces questions amènent à une seule demande de l'auteur : l'ouverture d'esprit, fil conducteur du roman.
Bref, j'ai été sincèrement accrochée par ce roman et regrette presque qu'il ne soit pas plus long, j'aurais par la même apprécié qu'EES nous emporte un peu plus au fond des questions, ma seule critique serait cette superficialité des réponses apportées, cela dit, là encore, le but de l'auteur n'est pas là.