Un tome de transition réussi et très bien écrit

La Peste et la Vigne, 2è tome du cycle de Syffe, se déroule juste après le 1er tome. Pas de dépaysement en perspective, puisqu'on retrouve notre héros, Syffe, au moment où on l'avait laissé à la fin de ce dernier. Je vais en dire quelques mots dans cette critique rapide.

Critique du tome 1 : https://www.senscritique.com/livre/L_Enfant_de_poussiere/critique/176169658

Pas de dépaysement, disais-je. On retrouve un récit toujours à la première personne, dans un beau tome de 600 pages (et toujours cette belle édition signée Au Diable Vauvert). Le style de Dewdney qui, rappelons-le, écrit en français, est toujours aussi réussi. J'aurais même tendance à dire que c'est mieux écrit que le premier tome, tant le phrasé est beau sans jamais être pompeux ou inutilement complexe. C'est donc une belle réussite de ce côté.

L'écrivain réussit à intéresser le lecteur pendant ces 600 pages, alors même qu'il ne s'y passe, au final, pas grand chose. On se surprend à continuer la lecture avec toujours autant d'avidité, sans qu'il n'y ait d'action majeure ou de péripétie particulière. Si le 1er était une (très bonne) intro à l'univers et au personnage principal, ce 2ème tome semble jouer le rôle de transition avant d'entrer réellement dans le vif du sujet. Mais on suit Syffe dans ses pérégrinations, dans ses doutes, et on le suit avec plaisir. Les personnages sont toujours bien écrits et, à nouveau, je n'ai décelé aucun cliché de fantasy. Le récit se déroule sans qu'on ne sache jamais comment il va se développer car rien n'est cousu de fil blanc dans cet univers qui prend de la profondeur et reste éloigné de tout poncif.

J'aurais tout de même un reproche à faire. C'est très subjectif, mais je serais curieux d'avoir l'avis d'autres lecteurs pour savoir si je suis le seul à penser cela. Dans la 2è moitié du livre, je n'ai plus réussi à m'identifier au personnage de Syffe, car je ne comprenais pas ses choix. Plusieurs de ses décisions me semblent étranges ou contestables et c'est quelque chose qui freine l'attachement au héros.

Mais hormis ce grief, La Peste et la Vigne et toujours aussi agréable à lire et je tire mon chapeau à Dewdney qui réussit à capter l'attention du lecteur avec assez peu d'action. L'univers gagne en profondeur et est toujours intéressant, tout en s'éloignant des poncifs du genre et la qualité d'écriture a encore grimpé d'un cran, tant il est agréable de lire le phrasé de l'auteur. Il ne reste plus qu'à attendre 2021 pour la suite...