La porte
7.8
La porte

livre de Karim Berrouka ()

Que se passe-t-il lorsque deux loups-garous se remettent d'une gueule de bois consécutive à une orgie de bouffe dont le principal met était du missionnaire ? Ils passent leur temps en conversations légères ou philosophiques tout en jouant aux échecs avec leur jeu en osselets. Ils restent tranquillement dans leur demeure commune pour s'en remettre jusqu'à ce qu'on frappe à leur porte.

Certes, les visiteurs sont tout aussi improbables que leurs hôtes. Mais à chaque fois le même scénario se reproduit : les loups-garous leur proposent le gîte – car nous sommes au milieu d'un désert – et les ingrats visiteurs s'enfuient peu avant l'aube. Devant cette impolitesse flagrante, nos deux compères se jurent de dévorer ces rustres s'ils viennent à se représenter à leur huis, mais ils se font toujours piéger.

On peut se demander quel est bien cet objet littéraire. En effet, l'absurde y côtoie l'humour. On n'y trouve pas le sens d'un conte philosophique. On aimerait le lire en V.O. pour bien en saisir tout les finesses tant on se dit que l'œuvre relève du nonsense britannique, mais il est, surprise, écrit en français. L'histoire nous égare, nous lecteurs qui cherchons une trame, un sens caché aux œuvres.

On peut ressentir ici l'écriture automatique d'un dadaïste alors qu'il y a pourtant une histoire avec sa logique. Les situations sont tellement absurdes et les logiques obscures qu'on se demande par moments de quoi il peut bien retourner dans « La Porte ». La finalité est peut-être de nous amener à découvrir que la porte est aussi un des personnages de cette novella. A noter qu'on y découvre une belle charge contre la prétendue Sainte Inquisition telle qu'aurait pu la mener notre maître à tous : le grand Dario Fo.

Karim Berrouka prête à ses deux personnages principaux un langage qui va du lyrisme au pédantisme le plus pesant. Ces phases de conversation alourdissent considérablement le récit tout en lui apportant un je-ne-sais-quoi de désuet délicieux à lire. Un objet littéraire improbable et talentueux qui nous perd dans les méandres du processus créatif le plus tourmenté qu'il m'ait été donné de voir. Une découverte à faire.
Bobkill
6
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le 10 nov. 2010

Critique lue 245 fois

3 j'aime

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