Ce roman m'a été chaudement recommandé par deux amies. Comme il s'agissait non seulement d'un livre qui s'épanchait sur la seconde guerre mondiale – un de plus... – et qu'il était de surcroît destiné aux adolescents, je n'étais pas tout à fait sûre qu'il puisse me plaire...

L'immersion au cœur de cette histoire m'a donné du fil à retordre. Le texte est parsemé de brèves notes en gras qui scandent le rythme et m'ont rappelé les mièvres annotations et parenthèses de David Foenkinos dans son roman La délicatesse... Ensuite, les tics langagiers (Saumensch, Saukerl, Jésus Marie Joseph...) ont eu tendance à légèrement m'agacer. Enfin, l'auteur emploie nombre de fois des mots allemands suivis de leur traduction française, ainsi que des néologismes formés sur base de mots allemands que j'ai trouvés esthétiquement très désagréables...

« Cette après-midi-là, ils retournèrent au bazar de Frau Diller, « Heil Hitlerèrent » et attendirent.
« Encore un assortiment de bonbons ? » schmunzela-t-elle. Ils répondirent par un hochement de tête affirmatif. » (p. 197)

Si La voleuse de livres clame tout au long du roman la beauté des mots, ce n'est pourtant pas le style de l'auteur qui m'a conquise...

A la 150e page, j'ai failli avorter la lecture de ce roman, mais j'ai eu l'occasion d'échanger quelques mots à son propos avec une parente dont les goûts littéraires sont fort proches des miens. Elle l'avait lu, elle avait failli aussi l'abandonner, mais il fallait attendre l'apparition de Max (le Juif) qui rendrait le récit plus prenant. Et en effet, le livre a commencé à me captiver dès l'apparition de celui-ci !

Il m'a donc fallu atteindre le tiers de La voleuse de livres pour percevoir ses qualités et me surprendre aussi à ne plus avoir envie de le lâcher.

Voici donc ce que j'ai fini par lui trouver de positif : Markus Zusak a rendu le livre léger dans la gravité, et tendre et drôle en dépit du climat malsain qui règne tout autour. Ses personnages sont très attachants. Ce roman est poétique, notamment grâce à l'évocation constante de la couleur des cieux...

Il revêt aussi un côté original par le choix du narrateur, car c'est la Mort en personne qui nous relate l'histoire de Liesel et de ses proches. Une mort affable et sensée qui constate sobrement la bêtise des Hommes et qui n'a rien de cette terrible faucheuse que porte leur imagination...

« En conséquence, je trouve toujours des humains au meilleur et au pire d'eux-mêmes. Je vois leur beauté et leur laideur, et je me demande comment une même chose peut réunir l'une et l'autre. Reste que je les envie sur un point. Les humains ont au moins l'intelligence de mourir. » (p. 566)

Même si ce livre est romancé, il donne par ailleurs un bon aperçu de la réalité vécue par les Allemands sous le régime nazi (sic @chaplum).

En somme, La voleuse de livres arbore des caractéristiques un brin abruptes au départ, mais qui se laissent oublier tant le récit s'annonce finalement plein de charme, de douceur, d'émotion, et d'ironie aussi...

Une jolie découverte !
Reka
7
Écrit par

Créée

le 23 mars 2012

Critique lue 1.1K fois

2 j'aime

Reka

Écrit par

Critique lue 1.1K fois

2

D'autres avis sur La Voleuse de livres

La Voleuse de livres
Aelyse
8

Simplement humain

Peut-être que j'en attendais trop. J'ai été séduite immédiatement par l'idée d'employer la Mort comme narratrice, et par la construction maîtrisée du roman: j'adore quand l'auteur me prend par la...

le 11 mai 2013

14 j'aime

La Voleuse de livres
David_Benoit
4

Cet ouvrage aurait-il volé sa note ?

Eh bien non ! Désolé mais je n'ai pas adhéré. C'est pourtant bien la première fois que je suis déçu par un livre porté aux nues par la sagesse populaire sur Sens Critique. J'aime beaucoup me laisser...

le 26 déc. 2014

2 j'aime

La Voleuse de livres
marylene-1
10

L'histoire d'une Saumensch et d'un Saukerl

En cherchant des informations sur Markus Zusak, l'auteur de "La Voleuse de Livres", j'apprends que ce dernier est spécialisé dans la littérature pour enfants et jeunes adultes. Considérons alors qu'à...

le 15 août 2014

2 j'aime

Du même critique

La Délicatesse
Reka
2

Critique de La Délicatesse par Reka

Précepte premier : ne pas lire la quatrième de couverture(*) de ce fichu bouquin. (*) « François pensa : si elle commande un déca, je me lève et je m'en vais. C'est la boisson la moins conviviale...

Par

le 19 mars 2011

28 j'aime

3

Il faut qu'on parle de Kévin
Reka
9

Critique de Il faut qu'on parle de Kévin par Reka

Eva Khatchadourian entreprend d'écrire à son ex-mari, Franklin, pour réévoquer le cas de leur fils, Kevin. A seize ans, celui-ci a écopé de sept années de prison ferme en assassinant et blessant...

Par

le 7 janv. 2011

24 j'aime

2

Le Chœur des femmes
Reka
6

Critique de Le Chœur des femmes par Reka

Le tempérament contestataire et farouche de Jean Atwood m'a particulièrement amusée et a par conséquent contribué à une immersion rapide et facile au sein de l'ouvrage. Le roman de Martin Winckler...

Par

le 29 mai 2012

20 j'aime