Lanark
7.9
Lanark

livre de Alasdair Gray (1981)

Lanark est un monde, un livre qui se voit autant qu'il se lit, une tour de Babel de styles et d'émotions, un livre alternativement passionnant, désespérant, déroutant et fascinant.

Extrait de l'épilogue - rencontre entre Lanark et son auteur :
«- Quand Lanark sera terminé (je donne votre nom à l'œuvre), il comportera grosso modo deux cent mille mots et quarante chapitres, et il sera divisé en livres Trois, Un, Deux et Quatre.
- Pourquoi pas Un, Deux, Trois et Quatre ?
- Je veux que Lanark soit lu dans un certain ordre, mais en fin de compte, pensé dans un autre. C'est une vieille technique. Homère, Virgile, Milton et Scott Fitzgerald l'ont utilisée. Il y aura également un prologue avant le Livre Un, un interlude au centre et un épilogue deux ou trois chapitres avant la fin. »

Débutant et concluant presque le roman, les livres Trois et Quatre racontent donc l'histoire d'un homme nommé Lanark, tentant de vivre dans une civilisation qui s'effondre.
Lanark est un homme à part, amnésique, incompréhensible et incompris. Il a du mal à saisir le monde, le temps, les relations, les objets et ses propres sensations.

Lanark vit en guettant la lumière à Unthank, une évolution lugubre et kafkaïenne de Glasgow, une ville dans laquelle le soleil ne brille que deux à trois minutes par jour et dont les habitants sont atteints de maladies fantastiques mais mortelles, avec des symptômes de « peau de dragon, bouches, mollesses ou rigidité gazouillante ». En voulant échapper à son sort, Lanark passe dans une autre dimension et se retrouve dans un gigantesque Institut, dédale fantasmagorique où l'on fait quelques tentatives pour guérir ces affections bizarres.

Le livre Quatre raconte la sortie de l'Institut, le chemin du retour de Lanark à Unthank. Manipulé, il va tenter de sauver sa famille et sa ville, qui risque d'être engloutie par la cupidité de la « créature et de ses organes», métaphore goulue du capitalisme dominant.

Les livres Un et Deux – au centre du roman - sont l'enfance et la jeunesse de Duncan Thaw, racontés par un oracle à Lanark comme étant sa propre histoire. Duncan Thaw rêve d'être reconnu comme un artiste génial, fantasme dont il s'approche de manière fugace ; mais, handicapé par son incapacité à ressentir les émotions, à aimer et être aimé, il va sombrer dans un misérable naufrage.
« Le chagrin tiraillait un coin presque inconscient de son esprit, tel un chiot essayant d'attirer l'attention de son maître en tirant le bas de son manteau. »

Dans l'épilogue de Lanark, épilogue brillant et drôle finalement situé quatre chapitres avant la fin, Lanark rencontre son auteur qui lui donne des clés de ce livre, tout en livrant un index des plagiats « diffus et enchâssés », des « notes critiques qui épargneront aux chercheurs universitaires des années de labeur ».

MarianneL
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le 7 mars 2012

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MarianneL

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