Stephen King perpétue encore et encore l'édification de son Grand Oeuvre : l'heptalogie de la décidément inaccessible Tour Sombre convoitée par Roland de Gilead et son ka-tet depuis désormais une poignée de volumes plus ou moins réussis. Quête ultime, projet littéraire de toute une vie d'écrivain à l'imagination soit démesurée soit complètement inconséquente La Tour Sombre semble - à la lecture de ce médiocre mais pas totalement inintéressant sixième volume - le pétard mouillé de la carrière de son Auteur : au gré d'une écriture plus automatique que jamais King décuple les motifs symboliques et les dimensions absolues de son épopée féérique mâtinée d'épouvante, rendant le spectacle pratiquement lassant et terriblement indigeste, en plus de s'éparpiller dans pléthore d'univers parallèles dont on finit par se ficher... royalement.


Grosso Modo Le Chant de Susannah saborde le cliffhanger émoustillant des dernières pages du volume précédent en dynamitant le ka-tet à renfort de trois sous-intrigues désespérément inégales... La plus intéressante demeure étonnamment celle où Stephen King se met lui-même en scène au gré d'un chapitre proche de l'égotrip, moment de créativité sans doutes un tantinet facile mais paradoxalement plein d'un certain relief, moins par son caractère démiurgique tant vanté par certains fans que dans sa portée auto-réflexive étrangement sympathique. Sinon la figure de Eddie Dean reste pour le quart d'heure en total retrait, flanquée d'un Roland de plus en plus inintéressant à mesure que les tomes de la saga s'enchaînent ( à l'exception du très bon quatrième opus et du long flash-back le constituant ). Enfin la figure de Susannah reste ( comble du comble ) un ratage quasi intégral en matière d'épaisseur et de cohérence d'écriture, le lecteur se voyant transbahuté au travers de ses multiples facettes littéralement gonflantes sur la longueur à un point de saturation rédhibitoire.


Bref tout ceci fleure la logorrhée fumeuse assez insuffisante, King développant ses motifs sans - lâchons le mot - accoucher franchement et une bonne fois pour toute. Reste quelques descriptions très sympathiques ( la description du Château Discordia, pas mal du tout...) et la mise en abyme centrale tout à fait surprenante, mais c'est trop peu face à cette succession de mots digressifs et paresseusement couchés sur la page par un écrivain s'essoufflant plus que jamais dans celui-ci... Une amère déception.

stebbins
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le 2 mai 2021

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stebbins

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