Assez proche de De sang-froid dans la forme, Le chant du bourreau relate la vie de Gary Gilmore, qui a été condamné en Utah en 1976 pour les meurtres de Max Jensen et de Bennie Buschnell. Premier condamné à mort aux Etats-Unis depuis 1967, le « cas Gary Gilmore » a déchainé les passions. En effet, dès sa condamnation à mort, Gilmore a choisi de ne pas faire appel et d’accepter dignement la sentence.

A 35 ans, Gilmore a passé 19 ans de sa vie en prison. En 1976, il est libéré sur parole et retourne dans sa famille. Pour l’aider à redémarrer d’un bon pied, sa famille lui a trouvé un travail. Rapidement, Gilmore trouve l’amour, dans les bras de Nicole Barrett, une mère de 19 ans de 2 enfants et déjà mariée 2 fois. L’auteur raconte les faits, sans spéculer, qui ont mené aux meurtres.

Ensuite, l’auteur décrit le procès de Gary Gilmore et sa lutte pour avoir le droit de mourir : certaines associations anti-peine de mort ont fait appel en son nom pour éviter son exécution alors que Gilmore voulait mourir. « Il vaut mieux mourir que passer toute ma vie en prison ».

Loin d’être un roman, le chant du bourreau est un récit journalistique, au ton assez froid et détaché. Exempt de tout jugement, le livre relate les faits à partir d’interview des protagonistes.

Ce livre permet de réfléchir à de nombreux sujets, notamment le rôle des prisons dans la société. Gilmore a passé, dès ses 13 ans, de nombreuses années en prison ou en maison de redressement. A 13 ans, il a été placé en maison de redressement pour vol. A sa sortie, il a été condamné pour des vols avec violence. Au fil des incarcérations, on constate une escalade dans la violence dans les actes de Gilmore. La prison est-elle toujours la solution ? N’existe-t-il pas d’autres moyens de répression ?

Aussi, le chant du bourreau interroge sur la libération des prisonniers. Sont-ils assez préparés pour se réinsérer dans la société ? Après plusieurs années passées dans un environnement où tout est chronométré et millimétré (l’heure du lever, des repas, des douches, du coucher), les hommes qui sortent de prison sont-ils aptes à vivre en société où ils sont libres ?
« Oh, mon Dieu, songeait Bessie, il a été en prison si longtemps, il ne savait pas comment travailler pour gagner sa vie ou pour payer ses factures. Tout le temps où il aurait dû apprendre, il était bouclé. »

Forcément, le livre inspire des réflexions sur la peine de mort. Est-elle justifiée ?
« Tuer des gens qui tuent des gens pour montrer aux gens que tuer des gens c'est mal. »

Bien évidemment, Le chant du bourreau n’apporte pas de réponses à ces interrogations.

J’ai beaucoup apprécié ce livre qui m’a fait beaucoup réfléchir. Je mettrai tout de même un petit bémol sur la longueur du livre : plus de 900 pages quand même ! Il y a donc quelques longueurs et j’ai plusieurs fois failli abandonner ma lecture.
boobsi
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le 7 oct. 2014

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boobsi

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