Au delà du témoignage de Vanessa Springora, ce texte permet de mettre en avant l'hypocrisie d'arguments défendant les agresseurs au prétexte d'un prétendu consentement de la victime. Ce livre est donc l'occasion de revenir sur ce terme par l'intermédiaire du récit autobiographique de l'autrice. Père démissionnaire, mère complice, milieu littéraire complaisant, sont autant de paramètres qui font de la jeune fille de l'époque une proie idéale pour le prédateur Matzneff.
Pédocriminel notoire, "G." est une effrayante réplique du Humbert Humbert de Nabokov. Mais bien trop réel cette fois-ci.
Chronologiquement ou presque l'autrice balise son récit de manière à nous faire comprendre comment les différentes phases se succèdent, à différentes échelles. Et c'est bien là le grand mérite de Vanessa Springora. Partir de son histoire individuelle pour en tirer des éléments plus structuraux, qu'il s'agisse des errances de la parentalité, de la dangerosité de certains arguments libertaires et surtout des scandaleuses marques de soutien du milieu littéraire français à l'égard de Matzneff et ses semblables.
La question de la lutte féministe est peut être un peu absente du livre cependant, alors que le passage sororal entre Vanessa et son ex-rivale, en tant qu'ancienne proie de Matzneff, aurait pu être un intéressant point d'entrée.
Cela reste un ouvrage très important, qui donne de bonnes raisons de boycotter les productions culturelles problématiques et oppressives, et les milieux qui les soutiennent.
9/10